Blagues tordantes du goulag… et du communisme… qui vient chez nous.

Ils ont réussi en effet l’exploit de fabriquer des queues bâillonnées et silencieuses  en Suisse. Ils vont réussir le reste si on ne prend pas garde, et vite !

Ah, le ”paradis” communiste sur terre, que c’était beau… (blagues seulement pour ceux et celles encore capables de lire entre les lignes du covidisme… )…

Trois prisonniers en camp : -“J’avais une montre qui retardait et je suis arrivé plusieurs fois en retard : ils m’ont collé trois ans pour sabotage de l’économie !” -“Moi, ma montre avançait, et je suis arrivé plusieurs fois en avance : j’ai eu quatre ans pour espionnage !” -“Eh bien moi j’avais une montre toujours à l’heure, grâce à elle j’étais ponctuel et ils m’ont mis cinq ans pour utilisation de la technologie étrangère !”
Trois prisonniers en camp : -“J’avais une famille à nourrir et j’ai pris des œufs pour moi au kolkhoze : ils m’ont collé 10 ans pour sabotage de l’économie populaire !” -“Moi, j’ai hébergé l’un de mes élèves dont les parents avaient été arrêtés : j’ai eu 20 ans pour complicité avec des ennemis du peuple !” -“Eh bien moi je n’ai rien fait du tout et ils m’ont mis 10 ans ans tout de même !” -“Ne nous prends pas pour des cons, mon vieux : pour rien du tout, c’est 5 ans !”
Trois prisonniers en camp : -“J’ai pris position pour la ligne du camarade Itoff Méyachev au Congrès : ils m’ont collé 5 ans pour déviationnisme !” Le second dit : -“Moi, je me suis opposé à cette ligne : j’ai eu 20 ans pour manque de confiance dans le Parti !” Le troisième se tait. Les deux autres le regardent avec insistance, alors il soupire et finit par lâcher : -“Oh, moi c’est très différent : je suis Itoff Méyachev !”
Une nuit en 1937, il est trois heure du matin, un homme est soudainement réveillé par des bruits de pas et des cliquetis dans son immeuble, à Moscou. Les bruits se rapprochent, il sue, il est paralysé par la peur… mais sa femme comprend et lui dit :
– rendors-toi, chéri, ce ne sont que des cambrioleurs…
Un homme s’énerve tellement à propos de la file d’attente à faire pour acheter de la vodka qu’il dit « Je vais aller au Kremlin et je vais tuer Gorbatchev. »
Lorsqu’il revient, les autres dans la file lui demandent : « Alors, as-tu tué Gorbatchev ? », et il répond : « Non, la file d’attente est encore plus longue là-bas. » [racontée par Mikhaïl Gorbatchev en 1995 lors d’une interview.]
Existe-t-il des droits d’auteur pour les blagues politiques ?
– Oui, cela dépend de la qualité de l’histoire et ça peut aller de trois ans à la perpétuité…
En 1977, la fille de Sigmund Jähn, premier cosmonaute est-allemand, habite à la Cité des étoiles près de Moscou avec sa mère et est interrogée par la télé. Question du reporter :
– « Quand est-ce que ton père revient du cosmos ?
– Demain à 12 h 52, répond la fillette.
– Et quand est-ce que ta mère revient de chez le boucher ?
– Demain ou après-demain, ça je sais pas.
Une nouvelle de la Pravda en 1977 : « À la frontière entre notre Union soviétique et la République populaire de Chine labourait un paisible tracteur soviétique. Il fut soudain attaqué par trois chars lourds chinois. Le tracteur soviétique évita les obus, ouvrit le feu et réduisit les agresseurs à néant. »
Dans la Forêt-Noire en Allemagne de l’Est, on retrouve une momie. Les savants demandent aux trois plus grands services secrets de la planète de la dater.
– « Elle a 2000 ans, déclare la CIA, on l’a trouvé en étudiant l’altération des os.
– Elle a 2000 ans, déclare l’INRS, selon les analyses des tissus.
– Elle a 20000 ans, confirme le MFS [services secrets Est-allemands].
– Et comment avez-vous trouvé ? demande-t-on.
– On a pu la faire avouer. »
Khrouchtchev et Kennedy font une course. Kennedy gagne (c’est normal, il est plus jeune et moins gros.)
Les médias soviétiques diffusent l’information : « Khrouchtchev brillant deuxième, Kennedy avant-dernier. »
Quels sont les trois plus petits documents du monde socialiste ?
1) le livre des gens non surveillés ;
2) les livres de l’imputabilité des comptables ;
3) le catalogue des voyageurs.
Les visiteurs de l’Enfer posent souvent cette question au guide :
– Pourquoi Léon Trotski est-il dans la merde jusqu’au cou et Vladimir Ilitch Lénine seulement jusqu’à la poitrine ? Lénine n’a pourtant pas tué moins !
– Lénine est debout sur les épaules de Joseph Staline, répond le guide.
– Quelle est la théorie marxiste-léniniste sur l’usage de la monnaie en régime communiste ?
– Il y a trois types de réponses.
• Les « déviationnistes de gauche », c’est-à-dire les sociaux-démocrates qui disent qu’il y aura toujours de la monnaie.
• Les « déviationnistes de droite », c’est-à-dire les maoïstes, disent qu’un jour il n’y aura plus de monnaie.
• Les marxistes-léninistes orthodoxes disent qu’il y aura de la monnaie pour les uns et pas pour les autres.
Quel a été le plus grand conquérant d’Allemagne ?
– Le défunt président de la RDA Walter Ulbricht. Il a mis en fuite trois millions de personnes [vers l’Ouest] et fait prisonnier 17 autres millions.
Lénine, Staline, Khrouchtchev et Brejnev sont dans un train. Soudain le train s’arrête dans la forêt.
Lénine analyse la situation, et déclare :
– « La voie devant nous a été volée. On va prendre des morceaux derrière le train et les mettre devant. »
Sitôt dit, sitôt fait. Mais ça n’avance que lentement et péniblement et Lénine perd tout son prestige.
Staline prend le commandement :
– « Mettre en prison les mécaniciens. Abattre le chef de train. »
Sitôt dit, sitôt fait. Mais le train s’arrête alors totalement.
Khrouchtchev prend les choses en main :
– « Libérer les mécanos. Réhabiliter le chef de train à titre posthume. »
Grand soulagement, mais c’est tout.
Brejnev reprend alors la direction :
– « Fermer tous les rideaux du train. Si les mécanos aiment la vie, qu’ils secouent le train. Au moins les passagers croiront qu’on bouge… »
Au cours d’une réunion politique, à l’automne 1938, Staline prend la parole pour un discours fleuve. Il parle, il parle, il parle. Soudain, un éternuement rompt le discours. Staline lève la tête et demande :
– qui a éternué ?
Un silence terrifié lui répond. Staline repose sa question, nouveau silence.
– Qu’on fusille le premier rang ! Ordonne le dictateur. Aussitôt dit, aussitôt fait.
Staline repose sa question, toujours pas de réponse.
– Qu’on fusille le deuxième rang ! Et le second rang est liquidé. Staline pose encore une fois sa question, et un homme sort du troisième rang, timidement :
– c’est moi, camarade.
– à tes souhaits, camarade, répond Staline avant de reprendre son discours.
Staline a perdu sa pipe. La moitié du Politburo cherche sans succès. Staline appelle alors Lavrenti Beria et lui ordonne de chercher. Deux heures plus tard, en ouvrant un tiroir, Staline retrouve sa pipe. Il rappelle Beria pour lui dire de faire cesser le recherches ; Beria demande alors ce qu’il faut faire des trois cents suspects qui viennent d’avouer le vol.
Staline arrive devant les portes du Paradis ; Saint-Pierre refuse qu’il entre et lui indique le chemin de l’Enfer.
Staline va donc en Enfer. Plus tard, le Diable arrive à son tour aux portes du Paradis, accompagné de tout un groupe de diablotins et monstres en tout genre : « nous sommes des réfugiés… »
À deux nouveaux arrivants au Goulag, on demande ce qu’ils ont fait.
Le premier : j’ai été bavard. J’ai raconté une blague et j’ai été dénoncé.
Le second : j’ai été paresseux. J’ai entendu la blague, je me suis dit que je dénoncerai le lendemain mais un autre a été plus rapide que moi.
Comment fonctionne le socialisme en URSS? Il opère toujours par groupe de trois ?
Le premier sait lire, le deuxième sait écrire et le troisième garde un œil sur les deux intellectuels.
Que se passerait-t-il si un crocodile avalait Brejnev ?
Il chierait des médailles pendant deux mois…
Que se passerait-il si un crocodile avalait Andropov? Il chierait des bombes nucléaires pendant trois mois!
Quatre chiens : un français, un allemand, un polonais et un soviétique discutent.
Soudain le chien français a faim. Il aboie, et son maître lui apporte une écuelle de viande.
Le chien allemand répond au chien français : alors comme ça, tu aboies et on t’apporte de la viande ? Moi, je n’ai mes repas qu’à heures fixes.
Le chien polonais : qu’est-ce que c’est, de la viande ?
Et le chien soviétique : qu’est-ce que c’est, aboyer ?
Dans une cabane au milieu de la Sibérie, un vieil homme ermite vit. Quelqu’un frappe à sa porte de manière menaçante.
– Qui est là ? s’inquiète le vieil homme.
– LA MORT.
– Dieu merci, j’ai cru que c’était le KGB…
Au vingtième congrès du Parti communiste de l’Union soviétique, Khrouchtchev fit un discours percutant et parla de toutes les horreurs perpétrées pendant le régime de Staline. Au milieu de son discours, une voix bouleversée sortit des rangs :
– Si ça s’est passé vraiment comme tu le dis, pourquoi n’as-tu jamais protesté ?
Khrouchtchev cessa de parler, laissa passer quelques instants puis cria d’une voix forte :
– Qui est le camarade qui vient de poser cette question ? Qu’il se lève immédiatement !
Personne ne se leva et dans la salle la peur se fit matérielle, si épaisse que tous étaient paralysés. Quelques minutes passèrent ainsi. Khrouchtchev savoura cette terreur puis, à la surprise de tous, expliqua calmement :
– Voilà, camarades, à présent vous avez compris pourquoi je me suis tu pendant toutes ces années.
Un Soviétique a réussi à économiser des roubles et peut enfin s’acheter une voiture. Une fois qui l’a réglée, il demande quand il pourra venir la récupérer. Le garagiste lui répond : dans trois ans.
– Trois ans ! Et quel mois ?
– En août.
– Août ? Et quel jour ?
– Le 2.
– Le matin ou l’après-midi ?
– L’après-midi… Mais pourquoi vous avez besoin de savoir tout cela ?
– Le plombier vient le matin.
Devinette : sa longueur est d’au moins cinquante mètres, elle a des centaines de pattes, elle aime la viande mais elle peut se contenter de pomme de terre. Qu’est-ce que c’est ?
La queue devant une boucherie en URSS.
Un type entre dans un magasin :
– C’est ici la boulangerie ?
– Non, ici c’est le magasin où il n’y a pas de viande.
Pourquoi est-il interdit d’arroser les plantes en URSS ?
Parce que ça fait rouiller les micros.
Un Anglais, un Français et un Soviétique se trouvent devant un tableau d’Adam et Ève dans le Paradis originel.
L’Anglais dit : regardez leur réserve, leur calme… Ils doivent être Anglais.
Le Français dit alors : je ne pense pas. Regardez-les comme ils sont beaux et impudiques. à mon avis, ils sont Français.
Le Soviétique les achève en leur disant : vous n’y êtes pas du tout. Regardez mieux. Ils n’ont pas de vêtement, pas de maison, seulement une pomme à manger et on leur dit que c’est le Paradis ! Ils sont soviétiques.
Pourquoi les anciens officiers de la Stasi sont désormais les meilleurs conducteurs de taxi de Berlin ?
Parce qu’il suffit de donner seulement votre nom, ils savent déjà où vous habitez !
Quelle est la différence entre l’URSS et Israël ?
Israël n’est entouré que d’amis.
Un peu d’histoire : comment est mort Vladimir Maïakovski ?
Réponse : le camarade Maïakovski s’est suicidé. Il a n’a pas pris le tournant de 1927 et n’a pas compris les changements nécessaires.
Et quelles furent ses dernières paroles ?
– « Ne tirez pas, camarades ! »
Brejnev à Alexis Kossyguine : On a combien de juifs dans notre Union soviétique ?
– Bof… dans les 6 à 8 millions.
– Et combien émigreraient si on les laissait faire ?
– Entre 20 et 25 millions…
Le communisme c’est le pouvoir soviétique plus l’électrification de tout le fil barbelé… (Note historique : détournement de la citation suivante de Lénine (Notre situation extérieure et intérieure et les tâches du Parti, conférence à Moscou du 21 novembre 1920) : « Le communisme, c’est le gouvernement des Soviets plus l’électrification de tout le pays. »
Quelles sont les quatre calamités de l’agriculture soviétique ?
L’hiver, le printemps, l’été et l’automne russes.
Quelles sont les quatre calamité de l’agriculture russe?
Les kolkhozes, les sovkhoses les fonctionnaires et la Pravda. (Pravda en russe signifie VÉRITÉ…)

Et finalement, un citoyen du Québec demande à un jeune fonctionnaire et à PKP si ses histoires soviétiques qui recirculent aujourd’hui, en avril 2021, ne seraient pas étrangement semblables à ce que nous vivons actuellement? Le fonfon et PKP répondent en choeur (et d’un ton ferme et menaçant) : toute ressemblance avec des personnages ou événements réels actuels ne seraient que fortuits et pure coïncidences!

Michel Chartrand avait bien raison : “Quand des bandits sont au pouvoir, la place de l’honnête homme est en prison.”

Qui ne connaît pas l’Histoire, est condamné à la répéter… Conséquemment, à mon avis, ce plongeon d’époque était… essentiel!

Sous l’ère de la dictature, nombreux étaient les citoyens Soviétiques qui, dans un moment de lucidité, s’étaient rendus compte que l’État les bernait sans cesse et leur vendait du rêve. Ils n’hésitaient pas à se servir des dirigeants et de leurs propres constatations pour plaisanter, comme dans la blague suivante par exemple, inventée lors des années Andropov :

Un homme consulte un psychiatre :
-Docteur, je crois que je suis schizophrène.
-Ah bon, qu’est-ce qui vous le fait penser ?
-Je lis des choses dans la Pravda, et dans les vitrines des magasins j’en vois d’autres.

Cette blague est très drôle lorsque l’on connaît sa double allusion :

  • Pendant son pouvoir, Andropov a fait interner beaucoup d’opposants en les faisant passer pour des schizophrènes ;
  • La Pravda, journal phare de la propagande soviétique, prétendait que les magasins étaient tous bien garnis alors qu’en réalité, il fallait souvent faire la queue plusieurs heures durant pour finalement arriver dans des boutiques entièrement vides.

Ou encore : Какая разница между “Правдой” и “Известями” ? В Правде нет известий, а в Известях нет правды. Petite traduction pour les non-russophones : Quelle est la différence entre la Pravda et les Nouvelles ? Dans la Pravda il n’y a rien de neuf, et dans les Nouvelles il n’y a rien de vrai (la Pravda et Izvestia étant les deux journaux principaux pendant la dictature communiste ; littéralement, Pravda=Vérité et Izvestia=Nouvelles).

Mon lectorat russophone s’amusera sans doute à lire d’autres anecdotes du même style sur le site suivant (en russe) : http://pioneri.kz/anekdoty_vremn_sssr vous remarquerez sans doute de nombreuses fautes d’orthographe dans les blagues qui y sont publiées. Accessoirement, en ce 1er février 2017 (date de dernière mise à jour de cet article), cela fait cinq ans que j’ai commencé le russe et OUI, je suis capable de repérer des fautes.

D’autres blagues, cependant, sont intraduisibles et seuls les russophones peuvent les comprendre, comme celle-ci :

-Что такое два нуля и Ж ?
-Женский туалет.
-Что такое два нуля и М ?
-Мужской туалет.
-Что такое два нуля и Н ?
-ООН !

Très Chers Amis,

Voici ci-dessous des LIENS qui touchent la plus brûlante actualité.

Comme toujours de tels éléments sont dûs à la seule attitude humaine (et quelle attitude!!) et tout ceci ne fait que nous renforcer dans notre objectif du Crédit Social.

Voici que les “enchantements” de la baudruche des fausses déclarations de reprise économique dont on nous a rebattu les oreilles depuis 7 à 8 mois s’écroulent et ne masquent plus le fait qu’à présent l’Europe (cette fausse “Europe” maçonnique de Buxelles-Strasbourg) est à la merci des banques. Pendant ces 7 à 8 mois, le chômage n’a cessé de continuer à monter pendant que les bourses n’ont cessé de monter aussi… Les spéculateurs paraissent régner en grands maîtres. Les pseudos pouvoirs politiques sont dépassés. La Banque Centrale européenne reste dans un silence assourdissant… Une fois de plus les politiques courent après les événements et Dieu sait ce qu’ils vont encore inventer pour faire croire, encore et toujours, qu’ils maîtrisent la situation. Une situation qui risque de durer…

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/economie/20100207.OBS6140/les_speculateurs_profitent_du_marche_de_la_dette_en_eur.html

—> Mais le plus grave de tout, c’est ce qui suit (il s’agit d’ailleurs d’un site canadien bien informé en général.)

Les pantalonnades européennes misérabilistes retourneront au néant d’où elles n’auraient jamais dû sortir.
Mais voici que dans un monde d’abondance, le spectre de la faim rôde et revient toujoursNon pas comme vous le savez à cause de carences physiques et matérielles et de manque de techniques de productions, mais particulièrement à cause du système financier et ses crimes. Je crois que ce LIEN ci-dessous provient d’une association orientée politiquement à gauche, mais il est plutôt bien informé, car ce qui est décrit ici se confirme en d’autres sources. Le système financier et ses crimes fait le lit de la gauche. Quant à la droite, elle est perpétuellement “cocufiée” par les infiltrations maçonniques incessantes qui dénature les nations et qui étouffent dans l’œuf les espoirs légitimes.

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=17121

À bientôt Chers Amis pour, avec l’Aide de Dieu, travailler à retourner la situation.

AVE MARIA

R.  L .

Preuves historiques de la fatale convergence fausse droite et fausse gauche.

A la différence de divers experts occidentaux dans le domaine de l’information ayant trait aux problèmes du communisme, j’ai eu la “chance” de subir pendant trente-quatre ans (de 1948 à 1982) la sinistre politique expérimentale, menée “scientifiquement”, par des adeptes inconditionnels de la “démocratie socialiste”, le cheminot Gheorghe Gheorghiu-Dej et le cordonnier Nicolae Ceausescu.

Une étude de Dan Dumitrescu.

Version avec commentaires: par la mise en évidence à l’aide de caractères gras – en noir et en rouge – de certaines idées avancées dans ce texte par l’auteur de l’article.


Un Européen de l’Est scrute la Suisse par Dan Dumitrescu

(in : L’identité de la Suisse dans l’Europe. Des Européens scrutent la Suisse.

Éditions Terre haute. Lausanne, 1992, pp.83-132.
co Prof. F. de Siebenthal, 14 chemin des Roches, CH 1010 Lausanne,
00 41 21 616 88 88)

A la mémoire de mes parents
A Elisabeth et Dan Jr

“La presse n’est évidemment pas le 4e pouvoir, mais le premier. Tous les autres lui obéissent, à commencer par le pouvoir politique.”Eric Werner (1981)

Les jugements sur un pays sont dictés par plusieurs facteurs objectifs et subjectifs, mais l’honnêteté, l’instruction et l’expérience de l’observateur doivent obligatoirement constituer les éléments essentiels d’une information décente. On sait depuis fort longtemps (Sun Tzu) que l’information peut constituer une arme de guerre.

Si la Suisse est considérée comme étant un Etat “impérialiste” selon Lénine, Jean Ziegler, etc… cela met en exergue leur désir de voir s’installer en Helvétie un régime plus “juste”, plus “démocratique”, autrement dit un régime de terreur et d’esclavage. Si l’URSS fut considérée par beaucoup depuis 1917 comme un vrai havre de paix et de justice sociale, cela démontre clairement l’état de démence de ceux qui ont continûment propagé les mensonges les plus grossiers de l’histoire de l’humanité.

Cobaye dans un laboratoire du communisme, la Roumanie.

A la différence de divers experts occidentaux dans le domaine de l’information ayant trait aux problèmes du communisme, j’ai eu la “chance” de subir pendant trente-quatre ans (de 1948 à 1982) la sinistre politique expérimentale, menée “scientifiquement”, par des adeptes inconditionnels de la “démocratie socialiste”, le cheminot Gheorghe Gheorghiu-Dej et le cordonnier Nicolae Ceaucescu.

J’ai vécu l’effrayante période de chasse à l’ennemi de classe avec toute sa panoplie d’horreurs – crimes, arrestations, incarcérations, délations. J’ai également constaté les conséquences catastrophiques de la lutte incessante menée par les dirigeants communistes et leurs suppôts afin d’aboutir à la “création” d’un “homme nouveau”, parfaitement conditionné, drogué, donc constamment dépendant d’un environnement où le mensonge, le vol, l’escroquerie morale constituent les atouts majeurs.

Toutes ces caractéristiques du paradis communiste sont archiconnues grâce aux témoignages écrasants de ceux qui “ont choisi la liberté” et lorsque absolument tous les témoignages concordent, cela s’appelle la vérité! Malheureusement, les “ébauches” des éléments propres au système communiste deviennent de plus en plus évidentes dans le “monde libre”. C’est la raison pour laquelle je considère utile de rappeler quelques-unes des techniques utilisées par les communistes (roumains) dans leur labeur affolant dont le but essentiel fut d’imposer par tous les moyens la “vérité” léniniste.

1. Falsification grossière de l’histoire de la Roumanie.

“L’insurrection armée, en août 1944, organisée et dirigée par le Parti Communiste Roumain, a marqué une ère nouvelle dans l’histoire du peuple roumain. Elle a représenté le début d’une révolution populaire qui a changé de fond en comble la vie du pays tout entier”, précise-t-on dans un livre rédigé par deux professeurs de l’Université de Bucarest (1).

En fait, après 1948, tous les livres d'”histoire”, les dictionnaires, les journaux, les films, etc… attribuèrent le renversement des alliances du 23 août 1944 au Parti Communiste Roumain qui, par ailleurs, ne comptait que quelques centaines de membres! Aussi la “police de la Pensée” annula-t-elle d’un coup de baguette magique la contribution capitale du Roi Michel lors du coup d’Etat, quand la Roumanie se débarrassa de son alliance avec l’Allemagne de Hitler. Le Roi, la famille royale, les “bourgeois” (sauf les collabos toujours utiles!) furent tous dépeints comme étant les pires exploiteurs du peuple roumain. Même les communistes (“déviationnistes”), tel Ana Pauker, Théohari Georgescu, Vasile Luca – réduits au classique état de “non-être”- furent tout simplement rayés des dictionnaires et des musées!

L’enseignement, structuré selon les principes léninistes, fut dirigé par le “ministère de la Vérité” qui imposa certaines disciplines de base (le matérialisme historique, le socialisme scientifique, l’histoire de la philosophie marxiste, etc…). Car la réforme de l’enseignement eut évidemment pour point de départ les “indications du Parti Ouvrier Roumain (= Parti Communiste, NDD), indications comprises dans la loi du 3 août 1948 (…). Cette réforme imprima à tout le processus d’enseignement un caractère scientifique, fondé sur les principes du matérialisme dialectique; elle le laïcisa (…) L’édification de l’économie et de la culture socialistes a entraîné de profonds changements dans la formation des intellectuels nécessaires à la patrie.”

2. La falsification de la science ou le rôle de la biologie prolétarienne dans l’“élevage” de la jeunesse.

Pendant de longues années, le Parti Communiste Roumain désireux de former des “intellectuels nécessaires à la patrie” (socialiste) obligea les biologistes et les agronomes à suivre fidèlement les savants enseignements de Mitchourine et Lyssenko. Dans le “guide” du Musée d’histoire naturelle “Grigore Antipa” de Bucarest (1956) on peut lire: “Grâce à l’aide du Parti et du Gouvernement, après 1951 on procède à une nouvelle restructuration du musée en conformité avec son rôle décisif dans l’éducation des larges masses populaires et sur la base de la conception de Darwin et de Mitchourine.” (2) Mitchourine étant, bien entendu, “le fondateur d’une nouvelle science connue sous le nom de darwinisme créateur soviétique qui permet de diriger l’évolution de la nature vivante.”

D’autre part, sur les 709 pages de l’ouvrage consacré à l’histoire de la biologie (3) – destiné principalement aux étudiants des facultés de sciences naturelles et des instituts agronomiques- pas moins de 133 (!) sont réservées au “mitchourinisme”. On y vante bien évidemment les résultats pratiques obtenus rapidement en Roumanie dans la culture maraîchère, la pomoculture,etc…, sans oublier toutes les performances de la “science soviétique” censées semer le bonheur dans des millions d’âmes roumaines; le fameux “porc roumain”, race “nouvelle”, n’a-t-il pas contribué à nourrir abondamment des populations entières et, en plus, à faire crever de jalousie les zootechniciens capitalistes?

Toutes ces méthodes ultramodernes, et bien d’autres encore, propres à la “science prolétarienne” démontrent clairement les bienfaits du communisme, largement reflétés dans le très haut niveau de vie atteint par les habitants du paradis rouge. Il n’y a que les “fascistes”, les “nazis”, les “réactionnaires” et les “contre-révolutionnaires” qui puissent contester (aujourd’hui) les magnifiques réalisations des régimes communistes dues principalement au mitchourino-lyssenkisme et au socialisme “scientifique”!

3. La propagande et la désinformation, tâche quotidienne des médias roumains.

Comme tout parti communiste, le PCR créa un immense système de diffusion de la “vérité”. Des activistes de la plume, de l’écran et de la radio, furent ainsi soigneusement instruits pour semer à tout vent (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays) les messages politiques conçus par des révolutionnaires professionnels. Il va de soi que la cible principale a toujours été la même, c’est-à-dire l’ennemi de classe; mais parallèlement, les activistes des médias s’attelèrent à un long travail d’endoctrinement politique.

Pendant plus de quatre décennies, les “masses laborieuses” de Roumanie furent soumises constamment à une propagande et à une désinformation massives: mensonges éhontés (la base du système communiste), censure, désinformation et distorsion de l’information, mélange d’omissions et de fuites délibérées, faux, “lettres au rédacteur en chef” et “télégrammes des travailleurs”, échos de la presse étrangère (principalement occidentale) mentionnant tous les commentaires flatteurs pour les dirigeants du pays. A cet éventail de mesures “démocratiques” il faut ajouter la surveillance policière permanente, les contrôles extrêmement rigoureux aux frontières du pays, la “radiographie ” des colis et des lettres en provenance de l’étranger, ce qui limita considérablement l’infiltration de toute littérature “subversive” sur le territoire roumain.

Une seule “bouée de sauvetage” dans ce havre de liberté (4) – les radiodiffusions occidentales pour les pays de l’Est (Radio Free Europe, RFE; la “Voix de l’Amérique”, VOA; la BBC; “Deutsche Welle”, etc…). Radio Liberty/Radio Free Europe a toujours été une épine extrêmement douloureuse dans le flanc non seulement de Ceaucescu, mais de tous les dirigeants des pays de l’Est”, souligne l’ancien chef des services secrets roumains, le général Ion Mihai Pacepa (5). Brouillé pendant de longues années, ce poste de radio fournissait aux Roumains et à leurs frères des pays “socialistes” des informations qui déréglaient considérablement les processus de crétinisation forcée mis en marche par les potentats rouges. Ce qui explique par ailleurs les réactions particulièrement brutales à l’encontre de ces “nids d’espions”, de “traîtres à la patrie”, de “fascistes”, de “suppôts de la CIA”, etc…: campagnes de presse houleuses déclenchées systématiquement, infiltration des rédactions de Munich, attentats à la bombe perpétrés au siège même de RFE, assassinats de journalistes, etc…

A la différence des Occidentaux, les peuples ayant vécu sous le régime communiste percevaient quotidiennement les mensonges éhontés diffusés par les propagandistes à la solde du pouvoir. C’est la raison pour laquelle tout commentaire favorable aux dirigeants communistes fait par les Occidentaux était ressenti comme une preuve éclatante d’inculture, de débilité grave ou de malhonnêteté. Aussi peut-on comprendre la grande déception des Roumains lorsqu’ils voyaient que Nicolae Ceaucescu trompait assez facilement la fine fleur des dirigeants “capitalistes” ( Richard Nixon, Gerald Ford, Jimmy Carter, Golda Meir, le Général de Gaulle, Valéry Giscard d’Estaing, la reine Elisabeth, le pape Paul VI, etc…). De même peut-on aisément imaginer leur nausée lorsqu’ils dénombraient les délégations d’hommes d’affaires, de scientifiques, de journalistes occidentaux qui défilaient tapageusement à Bucarest en rendant bassement hommage à une clique de scélérats; ou lorsqu’en Occident des maisons d’édition s’empressaient d’immortaliser les “ouvrages” de (ou sur) Ceaucescu!

Mais la passion des journalistes occidentaux pour les “réalités” de la Roumanie communiste s’est manifestée avec l'”élévation” de Ceaucescu au pouvoir. Un exemple seulement: Maurice Lambillotte, directeur général au Ministère du travail et de l’emploi de Belgique – “expert” en problèmes du communisme – se confessait à un “journaliste” (belge lui aussi): “La différence est pourtant énorme entre l’ancien pays, où les abus étaient de plus en plus criants, et la communauté nationale d’aujourd’hui, qui à une allure accélérée met en oeuvre ses ressources au profit de l’ensemble de ses citoyens. D’un court et merveilleux séjour l’an dernier, c’est cet effort constructif intelligent, réfléchi et irrésistible qui nous a frappés. Nous sommes rentrés convaincus du bel avenir qui attend la République populaire de Roumanie, grâce à la réalisation de ses plans successifs.(6)” Bravo, c’est parfait! monsieur le directeur! Mais aussi un “bravo!” à monsieur le propagandiste.

4. La fabrication de savants mondialement reconnus.

Sans nul doute l’exemple le plus connu est-il celui de l’ancien “académicien docteur ingénieur” Elena Ceaucescu, hôte d’honneur et docteur honoris causa de plusieurs universités prestigieuses ouest-européennes et américaines. Il est piquant de constater que ceux qui lui décernèrent de très hautes distinctions scientifiques semblent avoir été séduits par l’activité révolutionnaire de l’ex-première camarade de Roumanie – activité déployée dans le mouvement révolutionnaire, dans la direction du Parti communiste roumain et en tant que président du comité national roumain “Les hommes de science et de paix”. “Son” unique ouvrage, publié sous divers titres, “Progrès dans la chimie et la technologie des polymères” n’aura certainement pas beaucoup impressionné les savants professeurs occidentaux.

Toujours est-il que sans une complaisance mutuelle entre ces savants et les enfants terribles de la Securitate – qui préparaient très attentivement les voyages à l’étranger du couple présidentiel – Elena Ceaucescu n’aurait jamais été récompensée pour son activité scientifique (inexistante).

Observateur dans un pays encore relativement libre, la Suisse.

Fuir à 41 ans son pays natal, avec seulement deux valises dont une bourrée de boîtes de conserves “made in Rumania”, n’est pas toujours une partie de plaisir. Aussi étrange que cela pût paraître, le choix de la Suisse comme “terre d’asile” n’était dicté ni par l’abondance des saucisses ou du chocolat dans les magasins, ni par la variété des montres helvétiques ou même par le fameux cheptel bovin qui a tant ému les débiles amateurs de clichés. Ce choix était dû à l’image de l’Helvétie évoquée par mon ancien professeur de français à Bucarest, Madame Sophie Abel, Suissesse ayant épousé un Russe (blanc) avant la Première Guerre mondiale. Un fils naquit de cette union et après le coup d’Etat bolcheviste de 1917, M. Abel fut liquidé et Madame Abel séparée de son enfant, dut se réfugier dans le Royaume de Roumanie. Vers la fin des années quarante et pendant les années cinquante, cette dame distinguée donna, en privé et clandestinement, des leçons de français, d’allemand et de russe. Ce fut l’image de “sa Suisse”, celle du début du siècle, qu’elle invoquait invariablement lors de nos causeries en français. Une Suisse neutre, libre et démocratique, avec de vrais croyants, respectueux du travail honnête et de l’ordre. A plusieurs reprises, Madame Abel fit allusion à son fils, interné – croyait-elle savoir – dans un camp en Géorgie soviétique et qu’elle espérait revoir un jour. Au début des années soixante, elle quitta la Roumanie pour l’URSS. Depuis lors… le silence le plus total. Après le 1er octobre 1982, date de mon arrivée en Suisse, je constatai un contraste frappant entre l’image évoquée par mon ancien professeur de français et la réalité d’aujourd’hui. Dans l’univers clos du Goulag communiste, Madame Abel et moi crûmes sincèrement que la Suisse – que tout pays démocratique en général, ne pouvait évoluer que vers le Bien !

Quelle stupéfaction que d’entendre des amis valaisans me taxer d'”ennemi du peuple roumain” ou de “traître à la patrie”. Les plus lucides, les plus perspicaces et, disait-on, les plus “instruits” me placèrent illico dans la catégorie des “anticommunistes primaires”, formule qui, selon un vieux proverbe roumain, a le don de faire sourire même les dindes ! De savants interlocuteurs s’attaquaient incessamment aux autorités “capitalistes”, aux banques etc. Certains esprits fort cultivés m’apprenaient, sûrs de leur savoir, que les Roumains sont des… Slaves, ou que la capitale de la Roumanie est… Budapest et même que le nom exact du dictateur roumain de l’époque est… “Chaocescu” ! Nombreux étaient ceux qui essayaient de m’expliquer tant soit peu la vie des… Roumains, de me dépeindre l’euphorie qui régnait dans les âmes vivant sous le régime “socialiste” ; alors que, à les entendre, ils subissaient, eux, les affres d’un système immonde. A réitérées reprises je posai, par manque de tact, la même question : “Y a-t-il des psychiatres à Sion ?” Pourtant tous ces gens étaient extrêmement gentils et serviables ! Mais rarissimes furent ceux qui comprirent les vraies raisons de ma décision de chercher asile en Suisse. Après quelques mois, je commençai à comprendre les causes de cette déraison collective ; ensuite, l’analyse attentive des médias romands et français, de revues et de livres, les divers contacts avec des enseignants, des professeurs, des journalistes, des hommes politiques, des scientifiques, etc, me permirent de déceler une société en train de tomber en déliquescence faute de ne pas avoir su défendre la liberté et la démocratie.

1 – L’effritement des valeurs propres aux démocraties de type occidental.

Il s’agit d’un processus qui devint particulièrement évident après le coup d’état bolcheviste de 1917 et qui s’amplifia au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Grâce à l’aide économique américaine (plan Marshall), dans un premier temps, et à la protection militaire des Etats-Unis, ultérieurement, les pays libres d’Europe et d’Asie eurent la possibilité de démontrer la supériorité incontestable du système “capitaliste”. En contrepartie, à cause de l’“aide” économique soviétique (= pillage) et de la “protection” militaire de l’URSS (= esclavage), le camp socialiste se métamorphosa en quatre décennies en un immense et macabre complexe tortionnaire; avec, il est vrai, une seule et unique multinationale, très rassurante pour les pauvres – “Les fossoyeurs calins” dont le chiffre d’affaires reste pour l’instant secret.

Au fil des années, bénéficiant amplement du système prônant l’économie de marché, les Occidentaux libres et repus ne prêtèrent plus attention à la signification réelle des concepts Dieu, famille, patrie, éducation, morale, honneur, justice, etc. ce qui entraîna manifestement une diminution considérable de leurs capacités de défense. Comme le souligne à juste titre Marcel Regamey “L’ordre des valeurs est inversé. Le renversement des ‘structures’ passe au premier plan, l’amour de charité en second”. De même, “L’Eglise est un lieu privilégié de propagande lorsqu’elle sort de son domaine (…) La propagande triomphe quand l’Eglise se laisse persuader que le mal est tout d’un côté et qu’elle s’indigne d’actes de torture mais reste indifférente au terrorisme qui les provoque, s’élève contre les massacres commis par les uns et ignore ceux des autres” (7).

Il est toutefois consternant de constater la facilité avec laquelle des doctrinaires maniant la Bible et la Kalachnikov réussirent à s’infiltrer au sein de l’Eglise (cf. “La Croix, la faucille et le marteau”, par Jacques Bonomo, “Finalités”, n. 144, avril 1989). Ce processus fut considérablement accéléré grâce à l’ampleur croissante de l’oecuménisme, notamment après la Seconde Guerre mondiale. “Durant les mêmes années on assiste à un regain spectaculaire du mouvement oecuménique qui a vu le jour au XXe siècle, et dont la première étape de l’après-guerre a abouti à la formation en 1948 du Conseil Oecuménique des Eglises” (8), écrit le haut prélat soviétique Pitirim. Membre du Groupe central du Comité des Communications du COE, l’archevêque de Volokolamsk sait évidemment de quoi il parle et ce “regain spectaculaire” auquel il fait allusion a sous sa plume une connotation tout à fait particulière. Car à partir de 1962 Pitirim fut aussi rédacteur en chef du “Journal du Patriarcat de Moscou” où de 1943 à 1983 furent publiés pas moins de 2500 articles consacrés à la défense de la paix ! Sacré évêque en 1963 et archevêque depuis 1970, quand il est devenu aussi président des Editions du Patriarcat de Moscou, Pitirim nous assure que l'”Eglise orthodoxe russe a été le promoteur d’un grand nombre de réunions pour la paix”. A n’en pas douter, surtout quand on connaît le faible des autorités soviétiques pour tout ce qui a trait à la religion, la lutte pour une certaine paix, comprise. Voilà un thème mobilisateur qui ne pouvait pas ne pas toucher les sensibilités du COE, exemple cet ouvrage intitulé suggestivement “Paix et désarmement” (1982) dont le titre et le contenu ressemblent quelque peu à la série bien connue “Paix et désarmement – Etudes politiques”, édité à Moscou (Editions du Progrès, à partir de 1980).

Il serait séant de porter (finalement) son choix, soit sur l’idéal de Jésus, soit sur celui de Lénine !

2 – La sape des institutions helvétiques et le conditionnement de l’“opinion publique”.

Ce sont les deux objectifs majeurs des fossoyeurs de la Suisse libre, démocratique et souveraine. C’est la raison pour laquelle l’Etat, l’Eglise, la Famille, l’Armée, la Justice, la Police, l’Entreprise – “les piliers qui maintiennent, depuis les débuts des civilisations les sociétés humaines dans la loi, l’ordre social et moral et la sécurité” (9) sont systématiquement pris pour cible. Ce travail de longue haleine fut effectué par des professionnels étrangers et leurs coreligionnaires autochtones.

2.1 La Suisse et les révolutionnaires professionnels. Vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe la Suisse attira par quelque invisible aimant toute une pléiade de “gens de bonne volonté” (comme on peut le constater, ce pays n’accueille pas que des exploiteurs-milliardaires !). Ainsi : G.V. Plékhanov, marxiste russe de renommée internationale, créa en 1883, à Genève, le groupe “Libération du travail” ; C.G. Rakovski, qui sera ultérieurement connu pour ses agissements révolutionnaires en Roumanie et en Bulgarie ; A.V. Lounatcharski, après des études à l’université de Zurich, sera nommé (après 1917) commissaire du peuple à l’Instruction en Russie soviétique ; K.B. Sobelson (Radek), futur membre du Comité exécutif du Komintern (1923-1925) ; W. Münzenberg, rédacteur de la “Jugend-Internationale”, membre de la direction du parti social-démocrate suisse, futur chef de l’Agit-Prop pour l’Europe de l’ouest, et un as de la désinformation ; A. Helphand (Parvus), après des études à Bâle, vécut un certain temps à Wadenswil (ZH) et émit la théorie de la “révolution permanente”, adoptée ultérieurement par L.D. Bronstein (Trotski), lui aussi “hôte” de la Suisse en qualité de futur organisateur de l’Armée rouge (!) ; G.I. Rodomyslski (Zinoviev), assistant dans un laboratoire de Berne et le plus proche collaborateur de Lénine, devint en 1920 le président du Komintern (1920-1924) ; Vladimir Ilitch Oulianov (Lénine), le fondateur du parti bolchevique et de l’Etat soviétique, vécut pendant sept années en Suisse (GE, BE, ZH, etc).

Mais les autorités helvétiques de l’époque permirent aussi l’organisation de deux conférences extrêmement importantes : celle de Zimmerwald (du 5 au 8 septembre 1915) et celle de Kienthal (du 24 au 30 avril 1916). “Aux deux Conférences du Zimmerwald et de Kienthal, a été créé l’embryon de la IIIe internationale”, noteront Boukharine et Préobrajenski (10).

Pendant son long séjour en Suisse, Lénine publia toute une série de messages à l’intention des ouvriers suisses ; ces messages excellèrent par leur pérennité car on les retrouve profondément ancrés dans la mentalité de faiseurs d’opinion. Exemples :

-“la” défense de la patrie’ en ce qui concerne la Suisse n’est rien d’autre qu’une duperie du peuple par la bourgeoisie (…) Les socialistes suisses (…) ne peuvent ni ne doivent admettre la défense militaire de la patrie qu’après la transformation socialiste de celle-ci, c’est-à-dire dans le sens de la défense de la révolution prolétarienne, socialiste, contre la bourgeoisie”.

– L'”utilisation de la tribune parlementaire et du droit à l’initiative et de référendum (…) pour développer la propagande en faveur de la transformation socialiste de la Suisse”.

– “Ce gouvernement (de la Suisse, NDD) est très étroitement lié, économiquement et financièrement, à la bourgeoisie des ‘grandes’puissances impérialistes et en est entièrement dépendant”.

– “Naturalisation obligatoire et gratuite des étrangers établis en Suisse (Zwangseinbürgerung). Tout étranger ayant séjourné trois mois dans le pays devient citoyen suisse…”.

– “Les social (sic)-démocrates doivent lutter sans merci contre le mensonge bourgeois” (11).

Lénine mit également l’accent sur “une action méthodique et opiniâtre de propagande”, sur “l’extension et (le) renforcement de l’activité social-démocrate dans l’armée, tant avant l’incorporation des jeunes recrues que pendant leur service militaire”, etc. Quant à l’ordre donné par Lénine concernant “la préparation et la réalisation d’actions révolutionnaires de masse tendant à renverser la domination de la bourgeoisie, à conquérir le pouvoir politique et à instaurer le régime socialiste” (cf. le point 6 de la plate-forme politique des zimmerwaldiens de gauche au sein du Parti social-démocrate suisse)(12) il est en train d’être exécuté : les réalités helvétiques d’aujourd’hui en sont la preuve!

Mais l’activité de sape déployée en Suisse par les révolutionnaires professionnels fut illustrée aussi lors de la grève générale de novembre 1918 quand Berzine, Angelica Balabanova etc, en poste à la mission soviétique à Berne menèrent une intense agitation subversive. De même, sont archiconnues les multiples préoccupations “journalistiques” de l’Agence de presse Novosti (APN) à Berne, en 1983, une “agence” implantée en territoire ennemi et qui a toujours eu comme devise “L’information au service de la paix, de l’amitié entre les peuples”. C’est pourquoi l’expulsion (temporaire) des “journalistes” soviétiques provoqua l’ire de certains de leurs confrères helvétiques.

2.2. Les communistes suisses et l’Association Suisse-URSS. Tout le monde a connu les activités de Jules Humbert-Droz dans le cadre du Komintern. “La révolte armée doit être conçue comme une action commune de l’ensemble de la classe ouvrière (…) Le but à atteindre est le renversement du régime bourgeois et l’installation du pouvoir soviétique”, écrivait-il le 18 juillet 1936. Ces belles paroles sont extraites du compte-rendu sténographique du VIIe Congrès du Komintern (13). Fritz Platten accompagna, au nom du parti “social-démocrate” suisse les révolutionnaires professionnels – Lénine en tête – à l’occasion de leur voyage par le fameux “train plombé”.

Des données extrêmement intéressantes concernant le beau travail de sape accompli par des Suisses désireux de voir flotter le drapeau rouge – avec la faucille et le marteau – sur le Palais fédéral sont mentionnées dans le livre d’Etienne Buisson “Les Bolchéviks (1917-1919” (1919) et dans la “Tribune de Lausanne” (1926) (14). Mais le livre le plus important, à ma connaissance, qui aurait dû être lu par tout un chacun en Suisse, est sans conteste celui de Gérard Demiéville (1937) (15dont la première partie est consacrée à la “Structure de l’Internationale communiste” et la deuxième à “L’action subversive en Suisse”. Un accent particulier y est mis sur “Les auxiliaires du bolchevisme – partis politiques, apôtres de la paix, Association des Amis de l’Union soviétique, Secours rouge suisse, presse (y compris certains journaux “bourgeois” – déjà !), “athées prolétariens”, etc.”

Après la Seconde Guerre mondiale, Georges Rigassi signe la brochure “Faut-il combattre le communisme” (1949) ; Marc E. Chantre, secrétaire général du Comité suisse d’action civique (Lausanne) publie une série de brochures consacrées au communisme (16)(1953-1956), alors que Nicolas Polianski, diplomate soviétique en poste à Berne de 1972 à 1976 réserve dans son livre (17) 120 pages pour décrire les multiples activités “culturelles et surtout “éducatives” à l’ambassade de l’URSS. Des confessions gênantes, certes, pour les membres du Parti suisse du travail ou de l’Association Suisse-URSS, mais qui en somme révèlent une pratique habituelle des “diplomates” soviétiques en occident. “Le livre en question parle abondamment des liens affectifs et financiers entre les Soviétiques et les communistes suisses”, souligne correctement “L’Hebdo” du 25 octobre 1984. Bien entendu, les communistes suisses – Armand Forel, Jean Vincent, Colette von der Mühl, cités par Polianski – nièrent en bloc ces “infamies”. Mais le PST aura certainement eu chaud lorsqu’en octobre 1991 l’hebdomadaire soviétique “Rossia” fit mention de quelque 20 millions de dollars distribués annuellement aux partis “frères” (dont le Parti communiste français) par le PCUS.

“L’ambassade soviétique se servait de ses relations avec les dirigeants du PST (…) pour obtenir des renseignements sur la situation politique intérieure de la Suisse et sur les orientations de sa politique étrangère (…) C’était toujours utile pour pouvoir citer ensuite, dans le document adressé à Moscou, ‘l’avis compétent des amis’. Cet ‘avis des amis’ était tout à fait indispensable pour établir les fiches politiques sur les hommes d’Etat suisses et sur certains représentants de l’intelligentsia helvétique”, note Polianski. Tiens, des “fiches politiques” remplies par les Soviétiques comprenant des renseignements fournis par… le PST ! Etrangement, à l’époque personne ne s’inquiéta de ces “fiches”. Les médias gardèrent un silence religieux. Pourquoi ? Où étaient-ils ces esprits fins et investigateurs qui forment l’opinion publique ?

2.3. Les médias “non-communistes”. L’architecte genevois Alexandre de Senger est l’un des premiers Suisses à avoir dénoncé la désinformation véhiculée par la presse “bourgeoise”. Aussi écrit-il en 1930 un livre où il fait mention de certains journaux qui travaillent “avec intensité l’opinion publique”, qui ferment “hermétiquement leurs colonnes à toute critique indépendante”, instaurant ainsi “une véritable censure au profit des Bolchevistes” ; il dénonce également “le bourrage de crâne”, le fait de “créer une atmosphère de terreur qui paralysa momentanément la résistance”, de même que la “contagion cérébrale” des gens “mal armés contre la séduction des sophismes bolchevistes”. “Par l’intermédiaire de l’architecture, la propagande communiste répand non seulement ses doctrines, mais réussit à grossir l’effectif de l’armée prolétaire communiste et à réduire les effectifs de l’adversaire”. Alexandre de Senger dénonce enfin “cette ‘collusion’ du bolchevisme et d’un certain capitalisme à la recherche de placements fructueux”. (18)

Plus tard, d’autres Suisses dont l’honnêteté innée et le grand désir de bien servir le pays sont manifestes, ont combattu publiquement la “tentation totalitaire” de certains médias devenue de plus en plus évidente. Exemples : le professeur Jean de Siebenthal, directeur du Centre de documentation civique de Lausanne et rédacteur responsable de la revue “Finalités” ; Olivier Delacrettaz, responsable de la collection “Cahiers de la Renaissance vaudoise”, et rédacteur en chef de “La Nation” ; la conseillère nationale Genevière Aubry, rédactrice responsable du bulletin “L’Atout” ; Valentin Philibert, rédacteur en chef de “L’Impact” ; Jean-Philippe Chenaux, rédacteur responsable du bulletin “Etudes & enquêtes” et auteur de l’ouvrage “La presse d’opinion en Suisse romande” (1986) ; le professeur Luc de Meuron, rédacteur responsable de la “Lettre politique” et de divers livres dont “Lettre ouverte à certains journalistes du Palais fédéral et à quelques autres” (1983) ; Jean-Marc Berthoud, rédacteur responsable du bulletin “Résister et construire” et de la publication “Documentation chrétienne” ; le professeur Jeanne Hersch, auteur de divers livres, dont “L’ennemi c’est le nihilisme. Antithèses aux “thèses” de la Commission fédérale pour la jeunesse” 1981) et “La Suisse Etat de droit ? Le retrait d’Elisabeth Kopp” (1991), ouvrage collectif ; le colonel EMG Paul Ducotterd, ancien rédacteur en chef de la “Revue militaire suisse” et les très nombreux officiers qui, à réitérées reprises, se sont attaqués au problème de la désinformation. Même si cela dépasse quelque peu la Suisse romande (sujet de cet article), il faut aussi mentionner les études poussées effectuées par le conseiller national Peter Sager dans le cadre de “L’Institut suisse de recherche sur les pays de l’Est” (à Berne) ainsi que celles de l’IPZ (Institut für politologische Zeitfragen, à Zurich), faites sous la direction du Dr Robert Vögeli.

Que reprochent-elles, ces personnalités, à l’immense majorité des journalistes ? Tout simplement de ne pas s’en tenir au code des droits et devoirs du journaliste, de ne pas remplir avec honneur leur devoir sacré, à savoir celui d’informer correctement les citoyens, de diffuser méthodiquement une information partiale, mutilante pour le système nerveux des “récepteurs”. Et cela est d’autant plus grave car, comme le dit fort bien Eric Werner : “La presse n’est évidemment pas le 4e pouvoir, mais le premier. Tous les autres lui obéissent, à commencer par le pouvoir politique”.(19)

Voici quelques-unes de mes constatations après une analyse de la presse de suisse romande effectuée pendant plus de neuf ans.

2.3.1. Un manque d’instruction professionnelle, singulièrement évident lorsqu’il s’agit de relater ou d’interpréter des “nouvelles” du monde communiste. Exemples :

– “Importante caution morale” (“La Liberté” du 28 mai 1973) : “On connaît depuis longtemps la position délicate qu’occupe M. Ceaucescu dans le bloc oriental. Ce n’est pas sans raison qu’on l’a surnommé le “De Gaulle de l’Est’.” Sans commentaire !

– “La dernière chance” (“La Liberté” du 1er mai 1975) : “Le Vietnam n’a-t-il pas été dévasté par près de trente années de guerre quasi ininterrompue ? (…) Car avant de clouer quiconque au pilori, laissons au moins aux nouveaux maîtres du pays (les communistes nord-vietnamiens, NDD) le temps de faire leurs preuves, en mettant aussitôt à exécution la politique d’ouverture qu’ils ont toujours préconisée”. D’une part, les centaines de milliers de “boat-people” qui, ultérieurement, ont fui dans des conditions dramatiques le Vietnam communiste et, d’autre part, l’invasion du Cambodge par les troupes vietnamiennes en janvier1978 démontrent sans ambages le sens réel de la fameuse “politique d’ouverture” et l’effet des “trente années de guerre” auxquels faisait allusion le journaliste.

– “Gorbatchev le capitaliste” (“La Liberté” du 31 mars 1989), article qui est l’un des symptômes objectifs de la “gorbimanie” – épidémie qui frappa de plein fouet tous ceux qui ne comprennent absolument rien au communisme. Dans son livre “Perestroïka” (Flammarion, 1987), devenu illico un best-seller en Occident et primé aussi à Bâle – le prix de la Librairie Jaeggi: 20’000 Fr (“Le Matin” du 20 mai 1988) – Gorbatchev-le-capitaliste réserve un sous-chapitre pour expliquer que Lénine constitue la source idéologique de la “restructuration” ; il souligne également : “Notre but est de renforcer le socialisme, non de le remplacer par un autre système. L’exemple qui nous vient de l’Ouest, celui d’une économie différente, est inacceptable pour nous” (p.119). En outre, dans son ouvrage, Gorbatchev cite par 51 fois (admirativement !) le nom de Lénine. La suite logique : le secrétaire général du CC du PCUS ne peut être que… capitaliste !

– “Le bonheur puis la terreur” (“L’Illustré” du 3 janvier 1990) : “Des dizaines de cadavres ont été découverts il y a trois jours dans un charnier, au cimetière des pauvres (à Timisoara, NDD). Ils sont mystérieusement éventrés et recousus. Spectacle nauséabond de quinze corps exposés pour être reconnus par leurs familles”. L’article cité est l’oeuvre des envoyés spéciaux de “L’Illustré” en Roumanie (Alain Maillard, texte ; Bruno Kellenberger, photos). Comme beaucoup de leurs confrères occidentaux, ils arrivèrent en trombe à Timisoara et analysèrent longuement les cadavres (déterrés et en état de putréfaction avancée !) avant de les prendre pour des victimes de la “révolution” roumaine. Par ailleurs, dans l’article “Pourquoi nous n’avons pas vu” (“L’Illustré” du 31 janvier 1990), Maillard nous montre clairement à quel point l’instruction de certains journalistes laisse à désirer : “La puanteur nous envahissait au plus profond. Bruno Kellenberger, photographe de L’Illustré, devait souvent détourner les yeux et se tenir le nez dans un mouchoir avant de reprendre le travail”. Qui plus est, Maillard nous dévoile aussi son savoir dans le domaine de l’embryologie humaine : “Et surtout ce bébé ou embryon (sic) posé sur le ventre de sa mère”, relate-t-il avec un aplomb imperturbable. Mais ledit journaliste démontre également que l’histoire de la Roumanie communiste lui est très familière : “… l’homme fort Silviu Brucan, ancien ambassadeur de Ceaucescu aux Etats-Unis, passe pour être un vrai stalinien” alors qu’en réalité, Brucan fut ministre plénipotentiaire aux Etats-Unis de mars 1956 à juillet 1959 (donc avant l’avènement de Ceausecu en 1965) sous le “règne” de Gheorghiu-Dej, le premier bourreau du peuple roumain.

Après de pareilles bourdes – il y en a d’autres du même acabit ! certains journalistes devraient avoir au moins la décence de commencer (enfin) à s’instruire correctement et de cesser de jouer les fins connaisseurs en politique.

2.3.2. Une volonté de dénigrer l’armée suisse. Les “techniques” utilisées sont identiques à celles activistes des médias communistes. Ces “techniques” sont largement décrites dans diverses publications dont l’ouvrage de Luc de Meuron, la “Revue militaire suisse” (à partir de l’année 1970 notamment) et les publications de l’IPZ (Zurich), dès 1971. Personnellement je me limiterai à un seul exemple.

“Rapport confidentiel exhumé. Guisan et Mussolini” (“L’Hebdo” du 8 novembre 1990). ” ‘Génie’, ‘demi-dieu’, c’est ainsi que Guisan jugeait Mussolini. Et il trouvait les soldats italiens beaux comme des Raphaëls” souligne Jean-Claude Buffle, le journaliste qui, en décembre 1991, sera condamné avec Jacques Pillet “à dix jours de prison avec sursis et à 5000 francs d’amende pour avoir associé le nom de Safra au trafic de la drogue et au recyclage des narco-dollars” (“La Suisse” du 18 décembre 1991). Et comme les grands esprits se rencontrent aussi dans les colonnes de “L’Hebdo”, Buffle fit une fois de plus montre de sa vocation de journaliste d’investigation et tomba sur l’étude “Guisan. 1918, 1934, 1940 : les constantes d’une mission”, signée par Charles-André Udry, “le fondateur et le principal animateur de la LMR (Ligue marxiste révolutionnaire, NDD), cible privilégiée de l’Etat fouineur” (Buffle dixit, “L’Hebdo” du 25 octobre 1990).

Pour démontrer que la chronologie est une chose indispensable quand il s’agit d’une étude sérieuse, le journaliste rappelle qu’à Genève, l’armée suisse avait tiré sur une foule désarmée le 9 novembre 32 (…) En mai 34, Henri Guisan avait mis en garde le chef du DMF Rudolf Minger : avec un tel gouvernement (dirigé par le “socialiste” Léon Nicole, NDD), avait-il dit, l’arsenal de Genève ‘est exposé’. Car Henri Guisan, qui a participé seize ans plus tôt à la répression de la grève générale de 1918, est un homme d’ordre”. 1932, 1934 et…1918, la succession des événements est strictement respectée, tout comme la vérité historique, par ailleurs !

Mais pourquoi fallait-il procéder à une interversion des années ? Très vraisemblablement pour mettre mieux en exergue l’unique mission que certains veulent attribuer aujourd’hui à l’armée suisse, à savoir celle d’avoir “tiré sur une foule désarmée le 9 novembre 32”. Aussi l’ennemi principal (l’armée, capable de crimes crapuleux !) est-il désigné clairement ; ce n’est qu’après qu’on s’occupe plus attentivement des officiers. Bien entendu, en bon marxiste-léniniste, on passe sous silence l’article paru dans les “Izvestia” du 27 novembre 1918, publié juste après la grève générale (voir encadré). L’auteur est en Berzine (Winter), chef de la légation soviétique à Berne qui explique les principes de la “diplomatie” communiste : “La situation qui nous était faite nous mettait dans un état anormal : représentants de la Russie des ouvriers et des paysans, nous devions entretenir des relations, non pas avec la classe ouvrière suisse, mais avec un gouvernement bourgeois. Malgré cela, nous poursuivîmes notre travail de propagande révolutionnaire. Notre expulsion de Suisse prouve que, jusqu’à un certain point, nous avons réussi dans notre mission”.

L’agit-prop soviétique incita les “ouvriers” suisses à la révolte : ils voulaient “célébrer” le premier anniversaire de la “révolution d’octobre” et, évidemment, entraîner la Suisse dans la grande tourmente révolutionnaire qui secoua l’Europe après la fin de la Première Guerre mondiale. Qui plus est, “des tentatives furent faites pour organiser des soviets dans l’armée”, précise Branko Lazitch (20), l’un des plus remarquables experts en problèmes du communisme. Si les membres du Conseil fédéral de l’époque, les hommes politiques démocratiquement élus, le futur général Guisan et d’autres officiers supérieurs avaient épousé les thèses de Lénine, la Suisse aurait certainement connu la même vie prometteuse et radieuse que les pays devenus satellites de l’URSS. Or, heureusement, tel ne fut pas le cas.

Pour ce qui regarde les émeutes du 9 novembre 1932, à Genève, M. Jean-Claude de “L’Hebdo” évite prudemment de faire allusion aux agitateurs qui (semble-t-il !) se précipitèrent sur les agents de police, aveuglèrent les gardiens de la paix en leur jetant du poivre au visage, se ruèrent sur la troupe et essayèrent de détourner les soldats de leur devoir de maintenir un semblant d’ordre. “Donne-moi ton fusil, on va descendre les officiers !”, “Tuez le major !”, “Tuez vos chefs !” crièrent-ils. “C’est la tactique du combat de rue ! Les soldats parviennent enfin à se dégager (…) Les uns sont blessés, d’autres n’ont ni fusil, ni casque, ni baïonnette” (21) relate Gérard Demiéville. Et ce n’est guère un “témoignage ” quelconque, car toutes les données insérées dans son livre, ont été amplement confirmées aujourd’hui par les révélations (même fragmentaires) en provenance des pays de l’Est.

En ce qui concerne l’historien Udry, il faut admirer son esprit scientifique: “Attention, souligne-t-il, il serait erroné de déduire (…) que Guisan adhère à l’idéologie fasciste mussolinienne”. N’empêche ! Le titre de “L’Hebdo” (“Guisan et Mussolini”) ne laisse planer aucun doute sur les (éventuelles !) affinités du Général, et celles de l’armée suisse. Et voilà une (nouvelle) idée, parmi tant d’autres, qu’on véhicule discrètement pour montrer au peuple suisse (qui s’est nettement prononcé en faveur du maintien de l’armée) qu’un jour, pas si lointain, il pourrait se trouver du mauvais côté de la barrière. Le procédé est, je le répète, fort connu dans les pays de l’Est. Depuis des années, les médias l’expérimentent avec beaucoup de succès à l’Ouest.

2.3.3. Un fâcheux penchant au chaos des situations confuses. “Dans l’armoire. Encore des cadavres”, “Fiché à dix ans!”, “Fiches: incroyables!”. “La plaie des fiches”, “A vos fiches”, etc… En lisant ces titres on serait tenté de croire qu’enfin les médias font leur devoir et informent le commun des mortels sur les “fiches politiques” remplies par les “diplomates” soviétiques de Berne auxquelles faisait allusion Nicolas Polianski). Que non! C’est le cri déchirant poussé par les journalistes démocrates qui défendent ardemment tous les gens de bonne volonté d’où qu’ils viennent et quoi qu’ils fassent. Membres du PdT ou de l’Association Suisse-URSS, de la LMR (PSO) ou du GSsA, du Comité Amérique Centrale ou du Comité Philippines libres, etc… tous ont le droit (dans une vraie démocratie) d’exprimer ouvertement leur point de vue, d’avoir des contacts utiles avec des professionnels de bonne volonté, ou d’organiser des manifestastions spontanées de révolte contre le système politique choisi librement par le peuple. Enfin, ils ont tous les droits, même celui d’imposer par la force (du mensonge) les idées délirantes d’une idéologie qui a déjà fait des dizaines de millions de victimes. Tous ces “esprits contestataires” et constamment minoritaires trouveront toujours des plumes sensibles et réceptives qui savent mieux que personne comment on peut facilement transformer un agresseur en victime et une victime en agresseur.

Que certains journalistes n’emploient jamais de “fiches” pour leur travail d’information, cela nul ne peut le contester; les bévues énormes qu’ils commettent trop souvent le démontrent clairement. Que les “fiches” soient utilisées couramment en médecine, en biologie, dans les banques, dans toutes les polices du monde, etc…, cela ne constitue un secret pour personne. Alors pourquoi fallait-il feindre l’évanouissement en “apprenant” (en 1990)! l’existence de ce genre d’aide-mémoire. En réalité, les journalistes faisaient mention de fiches déjà en 1981: “L’utilisation de l’informatique à des fins policières, par l’interconnexion de tous les fichiers existants, conduit à une société “transparente”, où l’on sait tout sur tout le monde” (22). En fait, le “cirque des fiches” fut mis en place, d’une part pour ragaillardir les minoritaires déçus après le 26 novembre 1989 et, d’autre part, pour détourner l’attention de l’opinion publique non pas des évènements qui se déroulaient à l’Est, mais du paysage apocalyptique de ces pays qui ont dû supporter pendant des décennies la dictature communiste.

2.3.4. Un dédain pour le sentiment patriotique fut brillamment illustré par la manière dont (presque) tous les médias étalèrent leur mauvaise humeur lors de la célébration du “700e”. Certes, les Suisses eurent droit aux transmissions en direct des festivités organisées à Bellinzone, à Stans ou à Bâle, mais les centaines de kilos de papier, les dizaines d’heures d’émission à la TV et à la radio consacrées au 700e cachaient avec une indicible ténacité les mêmes messages:”Etes-vous fier d’être Suisse?”, “le climat politique malsain”, “une classe politique dévalorisée”, etc…Sur la TSR furent diffusées des émissions dont la “couleur” était lumineusement annoncée par le titre: “Le 700e: pour fêter quoi?” (23) (13 janvier 1991), “700 ans, et alors” (émission diffusée pendant plusieurs mois), etc… Exemples dans la presse écrite:

La mise en condition: création du comité “700 ans, ça suffit!”, dont l’un des initiateurs, Paolo Gilardi (GSsA, Forum contre F18, etc…) semble avoir des accointances parmi les gens de la TSR car on peut l’admirer sur les petits écrans (presque) plus souvent que le Président de la Confédération!

“700e. Boycott en vase clos” (“L’Hebdo” du 8 novembre 1990): “A Zürich, 800 personnes se sont rassemblées à l’appel des artistes boycotteurs du 700e.” Si les artistes – en principe des intellectuels – prirent la décision de boycotter cet anniversaire, il faut expliquer cela au peuple! Peut-être suivra-t-il ce bon exemple. Mais comme le disait le dramaturge Hansjörg Schneider: “La plupart des signataires ne sont pas plus artistes que moi champion cycliste.”

La frappe: “700e: retour à l’ordre”(“La Liberté du 18 février 1991): “au commencement était l’utopie. A la fin, ce pourrait bien être le dîner choucroute patriotique (…) Tout ce que la Suisse compte de réactionnaires – et cela fait beaucoup de monde – est sur le pied de guerre (…) Ils rêvent d’une prompte restauration de leurs valeurs traditionnelles.” Sans commentaire!

La déception (dissimulée): “le 700e à mi-chemin. Du plaisir d’être Suisse” (“L’Hebdo” du 18 juillet 1991): “Qui aurait osé pronostiquer, il y a un an, que les Suisses s’engageraient à fond dans la célébration de 1291, et qu’ils seraient fiers de ce qu’ils sont? Les sceptiques et les grincheux avaient tort: le 700e, ça marche très fort!” Eussent-ils cherché d’autres témoignages que ceux de “communistes déçus”, de “marginaux”, de (certains)) artistes et d’éternels “contestataires”, les journalistes auraient certainement eu la (désagréable) surprise de constater que, malgré toutes les campagnes menées par divers médias, le peuple suisse est (encore) sain d’esprit. Mais qui sont-ils, en fait, ces “sceptiques” et ces “grincheux” qui ont eu tort? Il serait intéressant d’en dresser une liste, qui sûrement ne dépasserait pas deux pages imprimées dans “L’Hebdo”. On retrouvera ainsi tous ceux qui sont systématiquement sollicités par les journalistes lors des “interviews”, des “rencontres”, etc…

“Qui aurait osé pronostiquer, il y a un an…?” Toutes les honnêtes gens qui aiment sincèrement leur Patrie, la Suisse, auraient “osé pronostiquer” qu’ils sont fiers d’être Suisses. Mais ont-ils vraiment eu le droit et la possibilité de s’exprimer? Sûrement non! Ce qui du reste explique cette fameuse interrogation de “L’Hebdo”. Certains journalistes devraient réfléchir (si cela est encore possible!) à ces lignes écrites par Armand Robin: “Ils ont oublié que la parole sert à dire le vrai, sont fiers de répondre par des mensonges à d’autres mensonges, créent ainsi partout au-dessus de la planète des univers fantomatiques où même l’authentique, lorsque d’aventure il s’y égare, perd sa qualité.” (24)

2.3.5. Un exemple révélateur de moeurs journalistiques.

Le livre “Un homme, un test, un record” (Glavir S.A., 1981) de Virgil Th. Razus, avec une préface signée par Alain Penel, chef de l’information à la “Tribune de Genève” (actuellement correspondant à Paris). Selon M. Penel, V. Th. Razus (arrivé en Suisse en 1978) “faisait tout pour conserver sa nationalité roumaine et, par conséquent, son passeport”; en plus, il n’était pas question pour lui qu’il endossât “un tel statut”(!), c’est-à-dire celui de réfugié politique.

Qui plus est, l’ingénieur roumain ne manque pas de méthode. Dans un premier temps, il se fait connaître grâce à deux articles (pseudo-scientifiques): l’un sur la “Théorie de la création”, sujet très accrocheur par ailleurs (interview: Philippe Souaille, “TG” du 23 janvier 1979), et l’autre, “Une nouvelle théorie de la lumière” (signé “Pe”. Alain Penel, “TG” du 13 février 1980). Après cela commencent les choses sérieuses, car M. Penel tombe sous le charme du Roumain (qui n’a jamais voulu “endosser” le maudit statut de réfugié politique), et pond une série d’articles qui, cette fois-ci, n’ont plus aucun rapport avec les (nouvelles!) “théories” de Razus: “Genève: contrat pétrolier entre la Suisse et la Roumanie” (“TG”, du 12 août 1980); “alors qu’une commission mixte helvéto-roumaine siège à Berne. Une société genevoise conclut un contrat pétrolier de 60 millions avec la Roumanie” (“TG” du 10 mars 1981); “Bucarest entend rééquilibrer son commerce avec la Suisse” (“TG” des 20/21 septembre 1981 – “de notre envoyé spécial Alain Penel”); “Pour pénétrer le marché roumain les industriels suisses doivent accepter une part de troc” (“TG” du 22 septembre 1981 – “de notre envoyé spécial Alain Penel”).

Dans chacun de ces quatre derniers articles on fait mention du “directeur général M. Virgiliu Razus” et de sa “Glavir S. A.”, pendant que M. le directeur utilise habilement sa plume pour passer de l’image du “Créateur” à celle de Valéry Giscard d’Estaing afin de crayonner mieux le “tableau” de… Nicolae Ceaucescu! Voici le message que M. Razus devait faire passer et la raison pour laquelle ce livre fut écrit: “Le mérite principal en revient au président Ceaucescu qui, bien qu’il n’ait pas toujours été entouré d’une équipe à sa hauteur, est, à mon avis, un génie politique”(p.26). Voilà aussi pourquoi l’ex-secrétaire général du PCR eut le privilège d’accorder “sa première interview à un quotidien suisse de langue française” qui, vu les démarches occultes mentionnées ci-dessus, ne pouvait être que la “Tribune de Genève” (des 26/27 avril et du 5 mai 1986); et l’interviewer, Alain Penel. Ainsi M. Razus – “scientifique” fécond prônant des théories bizarres, et “homme d’affaires” habile et pénétrant – fut-il implanté en terriroire ennemi, avec la mission de stimuler le commerce entre le régime de Ceaucescu et la Suisse, mais aussi celle de permettre au dictateur roumain de diffuser ses idées géniales dans un “quotidien suisse de la langue française”. Sans nul doute, le Service D (comme Désinformation) de la célèbre Securitate apprécia-t-il beaucoup la collaboration efficace de Razus et de ses amis journalistes.

2.3.6. Une idéologie socialo-communisante. Certains aspects illustrant cette affinité manifestée par la plupart des journalistes ont déjà été mentionnés dans les sous-chapitres précédents. Aussi le “premier pouvoir” (Eric Werner) s’attaque-t-il inlassablement aux “partis bourgeois”, terme que les journalistes utilisent (dans le sens indiqué par Lénine) pour mieux désigner la cible principale. Des termes exquis, tels “réactionnaire”, sont employés presque quotidiennement; parfois on glisse habilement celui de “fasciste” lorsqu’il s’agit de définir une organisation qui lutte contre le communisme (WACL – Ligue mondiale anticommunisme, par exemple).

Il est tout-à-fait révélateur de constater qu’aujourd’hui – quand presque tous les imbéciles (honnêtes) se sont finalement rendu compte que les termes “communisme” et “apocalypse” sont synonymes – le “premier pouvoir” fait totalement abstraction de cette réalité. Voici deux arguments irréfutables:

a) On continue d’avoir la même vénération pour les “bons” communistes. Cette dévotion n’est plus guère endémique en Suisse, loin s’en faut!

Des vieux formidables. La femme de Jules” (“L’Hebdo” du 13 septembre 1990) où le journaliste ne se contente de présenter les activités très variées de Mme Humbert-Droz – grand périple en Norvège, fréquentation de concerts, ou des réunions du GSsA – mais nous apprend aussi que “Jules Humbert-Droz, secrétaire de la IIe Internationale (fut) proche de Lénine, Trotski et Boukharine”. Cette fameuse “IIe Internationale”, qui est citée par trois fois (!) dans le texte est en réalité la IIIe Internationale communiste (1919-1943), le noyau dur des révolutionnaires professionnels qui essayèrent de diriger la révolution mondiale. En plus, on trouva utile de fêter le “Centenaire Jules Humbert-Droz. Colloque sur l’Internationale communiste” les 25 et 26 septembre 1991, à La Chaux-de Fonds!

“Fiché pendant quarante ans (I-III) (“La Suisse” des 19, 20 et 21 janvier 1992), document “exclusif” – cela va sans dire – qui aurait certainement fait la “une” de la “Pravda” des années 50 et où l’on raconte non sans humour, la vie intérieure d’Armand Magnin, l’ancien dirigeant des communistes suisses, son penchant pour le tourisme,(à l’Est- où il a certainement beaucoup appris, Ceaucescu, par exemple, étant un excellent pédagogue), pour le football, etc… Un récit merveilleux, avec un peu de suspense, mais il est vrai sans trop de détails sur les calomnies proférées par Nicolas Polianski à l’encontre de Magnin. Dommage!

“Siméon II de Bulgarie (2)”/”Du côté de chez Fred” (A2, le 12 septembre 1990); s’agissant d’une chaîne française, j’ai placé cet exemple en dernier. Pourtant le beau et cultivé Frédéric (Mitterrand) lâcha l’une des plus émouvantes répliques de l’histoire de la TV: Je dois vous dire, Sire, que je ne peux pas me défaire d’une admiration certaine pour Dimitrov car il y a quelque chose chez ce personnage – et pourtant il y a eu des trucs (sic) – il y a chez ce personnage quelque chose de grand!” Il faut vraiment s’appeler Frédéric Mitterrand pour admirer, en 1990(!) le secrétaire général du Comité exécutif de la Ligue Internationale communiste (de 1935 à 1943).

b) On continue de passer sous silence, d’ignorer volontairement toutes les honnêtes gens qui, en Suisse et dans les démocraties occidentales, ont démasqué dès 1917 les méfaits du communisme. Des preuves irrécusables de cette terrible catastrophe dans l’histoire de l’humanité sont enfin (partiellement) accessibles même au plus simplet des simplets. Les pionniers de la lutte contre le communisme et leurs successeurs ont combattu pour la liberté et pour les valeurs morales sûres qui permirent aux démocraties de type occidental de survivre dignement. Honnêtes et instruits, ils n’ont jamais accepté de compromis, comme ce fut le cas des communistes qui, pendant quelques années, s’allièrent à l’Allemagne de Hitler.

Tous ces combattants courageux imposent le respect. L’Histoire leur a donné raison dès 1917, mais d’une part la propagande et la désinformation communistes, et d’autre part, la couardise et la traîtrise de certains dirigeants occidentaux, l’existence d’une immense armada d’intellectuels débiles qui voyaient en Staline leur Dieu, en Krouchtchev leur frère, en Brejnev leur cousin et en Gorbatchev leur sauveur, prirent des décennies durant la Vérité en otage.

Aujourd’hui, le “premier pouvoir” se garde de rendre hommage aux Suisses qui ont brillamment saisi la monstruosité du régime communiste. “Le communisme du paysan russe est un régime de troupeau qui nivelle et étouffe les individus et détraque leur esprit (…) C’est ainsi que Lénine, utopiste et vrai représentant de l’esprit autoritaire russe, imagina de régénérer par la dictature du prolétariat son pays, ainsi que le monde entier”, écrivait Nicolas Gay dans le “Journal de Genève” du… 17 mars 1918! “En Russie, la révolution dure et n’aboutit à aucun résultat” (25) soulignait-il le 11 décembre 1918. A aucun résultat positif, cela va sans dire! ( les dizaines de millions de victimes du communisme en URSS et dans les autres pays communistes, figurant elles aussi parmi les oubliés de l’histoire du XXe siècle). Pour dévoiler quelques-unes des subtilités propres à ce qu’on appelle pompeusement “journalisme d’investigation”, on n’hésite pas à accomplir de vrais exploits:

“Exclusif. Jean-Louis Jeanmaire revient de Moscou. “Denissenko le jure: je suis innocent!” (“La Suisse” du 4 octobre 1991). “L’ex-brigadier Jeanmaire a rencontré la semaine dernière à Moscou, le colonel Vassili Denissenko, l’instigateur de sa trahison. Le second a innocenté le premier, et du coup Jeanmaire a pardonné à son “collègue” russe “ses éventuelles relations avec sa femme””. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire mouvementée du GRU (service de renseignement de l’Armée Rouge), des journalistes occidentaux – en l’occurrence, suisses – ont essayé de démontrer au monde entier l’insoupçonnable bonne foi du colonel Denissenko, venu exprès de Moscou dans les années 60 pour faire de la broderie en Suisse. Vu l’âge de Jean-Louis Jeanmaire, “sur l’initiative des journalistes de l’émission de la télévision alémanique “10 sur 10” et du “Téléjournal romand” fut organisée illico une visite-éclair à Moscou. Arrivés “à l’improviste” dans la capitale soviétique, l’ex-brigadier et les journalistes eurent tout juste le temps de boire une tasse de café en famille et de monter le décor pour l'”Heure de vérité”, version Denissenko. Je n’oublierai jamais le visage “détendu” et plein de charme du colonel soviétique, assis (cette fois-ci) sur le même banc que Jeanmaire. Plus je revois les images diffusées par la TSR lors de cette rencontre historique, plus je découvre la belle âme de Denissenko.

“Oui, je témoignerai pour Jeanmaire” (“L’illustré” du 5 février 1992). Les propos recueillis par la collaboratrice du magazine romand, Rimma Genkina (originaire très vraisemblablement de la … vallée des Conches) sont à la fois bouleversants et poignants. Mais ce qui donne une sorte de saveur aux idées de Denissenko c’est sans nul doute le “message” qu’il a adressé au fils de Jeanmaire: “Je voudrais que son fils sache que le procès contre son père n’était qu’une provocation de la part des forces réactionnaires contre Jean-Louis Jeanmaire et contre mon pays, l’URSS”. Quoi de plus limpide que l’idéologie du camarade Denissenko, surtout en cette merveilleuse période de la “glasnost” et de la “démocrétinisation”! Ces esprits fins et investigateurs que sont ces journalistes globe-trotters auraient pourtant pu ouvrir n’importe quel livre de marxisme-léninisme et ils auraient (probablement) anticipé les réponses de Basile Denissenko. Aussi auraient-ils économisé beaucoup d’argent qui, éventuellement, aurait pu être versé aux nécessiteux. Décidément, par les temps qui courent, la magnanimité légendaire de certains journalistes s’avère fort sélective. Mieux vaut populariser les “thèses” de l’ami Denissenko et “frapper les réactionnaires”, que penser aider les pauvres. Quant au “scoop” de la TSR, ce fut du guignol!

Conclusion

En 1981, Eric Werner écrivait: “Il existe, à l’heure actuelle, deux grands partis en Europe: celui de la résistance et celui de la collaboration (…) La collaboration est davantage qu’un simple état d’esprit. C’est une politique, une stratégie, une tactique (…) Bref, la collaboration est l’idéologie dominante de notre temps.”

Bien avant 1981, la camarade Melpomène – muse de la tragédie – inspira quelque peu Andrei Sakharov: “Deuxième étape: Aux Etats-Unis et dans les autres Etats capitalistes, les revendications constantes de progrès social et de la coexistence pacifique27, la pression de l’exemple des pays socialistes et des forces progressistes internes (la classe ouvrière, l’intelligentsia) amèneront la victoire définitive de l’aile gauche réformiste de la bourgeoisie qui mettra en oeuvre un programme de rapprochement (de “convergence”) avec le socialisme” (26). Nous y sommes!

La collaboration est et sera l’idéologie exclusive de notre temps, une idéologie hybride qui est imposée finalement par les communistes déguisés en “néo-démocrates”.

Remerciements

Je tiens à remercier Monsieur le Professeur Jean de Siebenthal des encouragements qu’il m’a prodigués et des nombreux ouvrages ayant trait à la désinformation qu’il a mis à ma disposition.

Monsieur Alain Ruzé (Genève) m’a fait profiter de sa vaste connaissance des problèmes du communisme; il m’a également offert une série d’ouvrages qui m’ont été très précieux; je lui exprime ici ma respectueuse gratitude.

Enfin, je remercie toutes celles et tous ceux avec qui, en Suisse, j’ai engagé d’interminables dialogues de sourds.

Dan Dumitrescu

Notes

1) Université de Bucarest, 1864-1964, par Alexandre Balaci et Ion Ionasco, Bucarest, 1964.
2) Càlàuza. Muzeul de istorie naturalà “Gr. Antipa”. Tipografia Invàtàmîntului. Bucuresti, 1956.
3) Din istorie biologiei generale, Nicolae Botnariuc. Ed. Stiintificà, 1961.
4) Les fonctionnaires de la vérité. L’information dans les pays de l’Est, par Paul Lendvai. Robert Laffont. Paris, 1980.
5) Horizons rouges, par Lieutenant Général Ion Mihai Pacepa. Presses de la Cité. Paris, 1987.
6) A travers la Roumanie nouvelle. Reportages de Camille Deleclos. Ed. Lloyd Anversois. Anvers, 1962.
7) Evangile et politique, par Marcel Regamey. Cahiers de la Renaissance vaudoise, LXXXV. Lausanne, 1973.
8) Préserver le don sacré de la vie, par Pitirim, in : La Paix et le Désarmement. Etudes Scientifiques 1984. Ed. du Progrès. Moscou, 1985.
9) Le macroscope. Vers une vision globale, par Joël de Rosnay. Ed. du Seuil, 1975.
10) Lénine et la IIIe Internationale, par Branko Lazitch. Ed. de la Baconnière. Boudry (Neuchâtel), 1951.
11) Les tâches des zimmerwaldiens de gauche dans le Parti social-démocrate suisse, par V. Lénine. Oeuvres,23. Ed. sociales,. Paris. Ed. en langues étrangères, Moscou, 1959.
12) ibid.
13) Le communisme science de trahison et de meurtre, tactique de guerre et de révolution, par Gérard Demiéville. Ed. Victor Attinger. Neuchâtel, Paris, 1937.
14) Les troubles révolutionnaires en Suisse de 1916 à 1919, par un témoin. (Extraits de la “Tribune de Lausanne”). Payot & Cie, 1926.
15) G.Demiéville, op. cit.
16) Le paravent du pacifisme rouge; Le régime communiste tel que des Suisses l’ont vu; Le Parti communiste tel qu’il est!; Le communisme en Suisse. 1-4 Défense de la Suisse. Ed. Comité suisse d’action civique. Lausanne, 1953-1956 (Secr. gén. Marc-E. Chantre).
17) M.I.D. 12 ans dans les services diplomatiques du Kremlin, par Nicolas Polianski. Pierre Belfond. Paris, 1984.
18) Le cheval de Troie du bolchévisme, par Alexandre de Senger. Ed. du Chandelier. Bienne, 1931.
19) De la misère intellectuelle et morale en Suisse romande, par Jan Marejko et Eric Werner. Ed. L’Age d’Homme. Lausanne, 1981.
20) B. Lazitch, op.cit.
21) G. Demiéville. op.cit.
22) Barricatures 2. L’année 1981 à traits tirés par Barrigue, texte de Jean-Philippe Arm. Ed. Kesserling. Lausanne, 1988.
23) On peut savourer le bon français!
24) La fausse parole, par Armand Robin. Ed, de Minuit. Paris, 1953.
25) De l’autocratie à la démocratie, par Nicolas Gay. Librairie Genevoise A. Eggimann. Genève, 1919 (articles parus dans le Journal de Genève, mars 1918-août 1919).
26) Progress, Coexistence & Intellectual Freedom, by Andrei D. Sakharov. W. W. Norton & Company Inc. New York, 1968.


Un Européen de l’Est scrute la Suisse par Dan Dumitrescu

(in : L’identité de la Suisse dans l’Europe. Des Européens scrutent la Suisse. Editions Terre haute. Lausanne, 1992, pp.83-132)

A la mémoire de mes parents
A Elisabeth et Dan Jr

“La presse n’est évidemment pas le 4e pouvoir, mais le premier. Tous les autres lui obéissent, à commencer par le pouvoir politique.”Eric Werner (1981)

Les jugements sur un pays sont dictés par plusieurs facteurs objectifs et subjectifs, mais l’honnêteté, l’instruction et l’expérience de l’observateur doivent obligatoirement constituer les éléments essentiels d’une information décente. On sait depuis fort longtemps (Sun Tzu) que l’information peut constituer une arme de guerre.

Si la Suisse est considérée comme étant un Etat “impérialiste” selon Lénine, Jean Ziegler, etc… cela met en exergue leur désir de voir s’installer en Helvétie un régime plus “juste”, plus “démocratique”, autrement dit un régime de terreur et d’esclavage. Si l’URSS fut considérée par beaucoup depuis 1917 comme un vrai havre de paix et de justice sociale, cela démontre clairement l’état de démence de ceux qui ont continûment propagé les mensonges les plus grossiers de l’histoire de l’humanité.

Cobaye dans un laboratoire du communisme, la Roumanie.

A la différence de divers experts occidentaux dans le domaine de l’information ayant trait aux problèmes du communisme, j’ai eu la “chance” de subir pendant trente-quatre ans (de 1948 à 1982) la sinistre politique expérimentale, menée “scientifiquement”, par des adeptes inconditionnels de la “démocratie socialiste”, le cheminot Gheorghe Gheorghiu-Dej et le cordonnier Nicolae Ceaucescu.

J’ai vécu l’effrayante période de chasse à l’ennemi de classe avec toute sa panoplie d’horreurs – crimes, arrestations, incarcérations, délations. J’ai également constaté les conséquences catastrophiques de la lutte incessante menée par les dirigeants communistes et leurs suppôts afin d’aboutir à la “création” d’un “homme nouveau”, parfaitement conditionné, drogué, donc constamment dépendant d’un environnement où le mensonge, le vol, l’escroquerie morale constituent les atouts majeurs.

Toutes ces caractéristiques du paradis communiste sont archiconnues grâce aux témoignages écrasants de ceux qui “ont choisi la liberté” et lorsque absolument tous les témoignages concordent, cela s’appelle la vérité! Malheureusement, les “ébauches” des éléments propres au système communiste deviennent de plus en plus évidentes dans le “monde libre”. C’est la raison pour laquelle je considère utile de rappeler quelques-unes des techniques utilisées par les communistes (roumains) dans leur labeur affolant dont le but essentiel fut d’imposer par tous les moyens la “vérité” léniniste.

1. Falsification grossière de l’histoire de la Roumanie.

“L’insurrection armée, en août 1944, organisée et dirigée par le Parti Communiste Roumain, a marqué une ère nouvelle dans l’histoire du peuple roumain. Elle a représenté le début d’une révolution populaire qui a changé de fond en comble la vie du pays tout entier”, précise-t-on dans un livre rédigé par deux professeurs de l’Université de Bucarest (1).

En fait, après 1948, tous les livres d'”histoire”, les dictionnaires, les journaux, les films, etc… attribuèrent le renversement des alliances du 23 août 1944 au Parti Communiste Roumain qui, par ailleurs, ne comptait que quelques centaines de membres! Aussi la “police de la Pensée” annula-t-elle d’un coup de baguette magique la contribution capitale du Roi Michel lors du coup d’Etat, quand la Roumanie se débarrassa de son alliance avec l’Allemagne de Hitler. Le Roi, la famille royale, les “bourgeois” (sauf les collabos toujours utiles!) furent tous dépeints comme étant les pires exploiteurs du peuple roumain. Même les communistes (“déviationnistes”), tel Ana Pauker, Théohari Georgescu, Vasile Luca – réduits au classique état de “non-être”- furent tout simplement rayés des dictionnaires et des musées!

L’enseignement, structuré selon les principes léninistes, fut dirigé par le “ministère de la Vérité” qui imposa certaines disciplines de base (le matérialisme historique, le socialisme scientifique, l’histoire de la philosophie marxiste, etc…). Car la réforme de l’enseignement eut évidemment pour point de départ les “indications du Parti Ouvrier Roumain (= Parti Communiste, NDD), indications comprises dans la loi du 3 août 1948 (…). Cette réforme imprima à tout le processus d’enseignement un caractère scientifique, fondé sur les principes du matérialisme dialectique; elle le laïcisa (…) L’édification de l’économie et de la culture socialistes a entraîné de profonds changements dans la formation des intellectuels nécessaires à la patrie.”

2. La falsification de la science ou le rôle de la biologie prolétarienne dans l’“élevage” de la jeunesse.

Pendant de longues années, le Parti Communiste Roumain désireux de former des “intellectuels nécessaires à la patrie” (socialiste) obligea les biologistes et les agronomes à suivre fidèlement les savants enseignements de Mitchourine et Lyssenko. Dans le “guide” du Musée d’histoire naturelle “Grigore Antipa” de Bucarest (1956) on peut lire: “Grâce à l’aide du Parti et du Gouvernement, après 1951 on procède à une nouvelle restructuration du musée en conformité avec son rôle décisif dans l’éducation des larges masses populaires et sur la base de la conception de Darwin et de Mitchourine.” (2) Mitchourine étant, bien entendu, “le fondateur d’une nouvelle science connue sous le nom de darwinisme créateur soviétique qui permet de diriger l’évolution de la nature vivante.”

D’autre part, sur les 709 pages de l’ouvrage consacré à l’histoire de la biologie (3) – destiné principalement aux étudiants des facultés de sciences naturelles et des instituts agronomiques- pas moins de 133 (!) sont réservées au “mitchourinisme”. On y vante bien évidemment les résultats pratiques obtenus rapidement en Roumanie dans la culture maraîchère, la pomoculture,etc…, sans oublier toutes les performances de la “science soviétique” censées semer le bonheur dans des millions d’âmes roumaines; le fameux “porc roumain”, race “nouvelle”, n’a-t-il pas contribué à nourrir abondamment des populations entières et, en plus, à faire crever de jalousie les zootechniciens capitalistes?

Toutes ces méthodes ultramodernes, et bien d’autres encore, propres à la “science prolétarienne” démontrent clairement les bienfaits du communisme, largement reflétés dans le très haut niveau de vie atteint par les habitants du paradis rouge. Il n’y a que les “fascistes”, les “nazis”, les “réactionnaires” et les “contre-révolutionnaires” qui puissent contester (aujourd’hui) les magnifiques réalisations des régimes communistes dues principalement au mitchourino-lyssenkisme et au socialisme “scientifique”!

3. La propagande et la désinformation, tâche quotidienne des médias roumains.

Comme tout parti communiste, le PCR créa un immense système de diffusion de la “vérité”. Des activistes de la plume, de l’écran et de la radio, furent ainsi soigneusement instruits pour semer à tout vent (tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays) les messages politiques conçus par des révolutionnaires professionnels. Il va de soi que la cible principale a toujours été la même, c’est-à-dire l’ennemi de classe; mais parallèlement, les activistes des médias s’attelèrent à un long travail d’endoctrinement politique.

Pendant plus de quatre décennies, les “masses laborieuses” de Roumanie furent soumises constamment à une propagande et à une désinformation massives: mensonges éhontés (la base du système communiste), censure, désinformation et distorsion de l’information, mélange d’omissions et de fuites délibérées, faux, “lettres au rédacteur en chef” et “télégrammes des travailleurs”, échos de la presse étrangère (principalement occidentale) mentionnant tous les commentaires flatteurs pour les dirigeants du pays. A cet éventail de mesures “démocratiques” il faut ajouter la surveillance policière permanente, les contrôles extrêmement rigoureux aux frontières du pays, la “radiographie ” des colis et des lettres en provenance de l’étranger, ce qui limita considérablement l’infiltration de toute littérature “subversive” sur le territoire roumain.

Une seule “bouée de sauvetage” dans ce havre de liberté (4) – les radiodiffusions occidentales pour les pays de l’Est (Radio Free Europe, RFE; la “Voix de l’Amérique”, VOA; la BBC; “Deutsche Welle”, etc…). Radio Liberty/Radio Free Europe a toujours été une épine extrêmement douloureuse dans le flanc non seulement de Ceaucescu, mais de tous les dirigeants des pays de l’Est”, souligne l’ancien chef des services secrets roumains, le général Ion Mihai Pacepa (5). Brouillé pendant de longues années, ce poste de radio fournissait aux Roumains et à leurs frères des pays “socialistes” des informations qui déréglaient considérablement les processus de crétinisation forcée mis en marche par les potentats rouges. Ce qui explique par ailleurs les réactions particulièrement brutales à l’encontre de ces “nids d’espions”, de “traîtres à la patrie”, de “fascistes”, de “suppôts de la CIA”, etc…: campagnes de presse houleuses déclenchées systématiquement, infiltration des rédactions de Munich, attentats à la bombe perpétrés au siège même de RFE, assassinats de journalistes, etc…

A la différence des Occidentaux, les peuples ayant vécu sous le régime communiste percevaient quotidiennement les mensonges éhontés diffusés par les propagandistes à la solde du pouvoir. C’est la raison pour laquelle tout commentaire favorable aux dirigeants communistes fait par les Occidentaux était ressenti comme une preuve éclatante d’inculture, de débilité grave ou de malhonnêteté. Aussi peut-on comprendre la grande déception des Roumains lorsqu’ils voyaient que Nicolae Ceaucescu trompait assez facilement la fine fleur des dirigeants “capitalistes” ( Richard Nixon, Gerald Ford, Jimmy Carter, Golda Meir, le Général de Gaulle, Valéry Giscard d’Estaing, la reine Elisabeth, le pape Paul VI, etc…). De même peut-on aisément imaginer leur nausée lorsqu’ils dénombraient les délégations d’hommes d’affaires, de scientifiques, de journalistes occidentaux qui défilaient tapageusement à Bucarest en rendant bassement hommage à une clique de scélérats; ou lorsqu’en Occident des maisons d’édition s’empressaient d’immortaliser les “ouvrages” de (ou sur) Ceaucescu!

Mais la passion des journalistes occidentaux pour les “réalités” de la Roumanie communiste s’est manifestée avec l'”élévation” de Ceaucescu au pouvoir. Un exemple seulement: Maurice Lambillotte, directeur général au Ministère du travail et de l’emploi de Belgique – “expert” en problèmes du communisme – se confessait à un “journaliste” (belge lui aussi): “La différence est pourtant énorme entre l’ancien pays, où les abus étaient de plus en plus criants, et la communauté nationale d’aujourd’hui, qui à une allure accélérée met en oeuvre ses ressources au profit de l’ensemble de ses citoyens. D’un court et merveilleux séjour l’an dernier, c’est cet effort constructif intelligent, réfléchi et irrésistible qui nous a frappés. Nous sommes rentrés convaincus du bel avenir qui attend la République populaire de Roumanie, grâce à la réalisation de ses plans successifs.(6)” Bravo, c’est parfait! monsieur le directeur! Mais aussi un “bravo!” à monsieur le propagandiste.

4. La fabrication de savants mondialement reconnus.

Sans nul doute l’exemple le plus connu est-il celui de l’ancien “académicien docteur ingénieur” Elena Ceaucescu, hôte d’honneur et docteur honoris causa de plusieurs universités prestigieuses ouest-européennes et américaines. Il est piquant de constater que ceux qui lui décernèrent de très hautes distinctions scientifiques semblent avoir été séduits par l’activité révolutionnaire de l’ex-première camarade de Roumanie – activité déployée dans le mouvement révolutionnaire, dans la direction du Parti communiste roumain et en tant que président du comité national roumain “Les hommes de science et de paix”. “Son” unique ouvrage, publié sous divers titres, “Progrès dans la chimie et la technologie des polymères” n’aura certainement pas beaucoup impressionné les savants professeurs occidentaux.

Toujours est-il que sans une complaisance mutuelle entre ces savants et les enfants terribles de la Securitate – qui préparaient très attentivement les voyages à l’étranger du couple présidentiel – Elena Ceaucescu n’aurait jamais été récompensée pour son activité scientifique (inexistante).

Observateur dans un pays encore relativement libre, la Suisse.

Fuir à 41 ans son pays natal, avec seulement deux valises dont une bourrée de boîtes de conserves “made in Rumania”, n’est pas toujours une partie de plaisir. Aussi étrange que cela pût paraître, le choix de la Suisse comme “terre d’asile” n’était dicté ni par l’abondance des saucisses ou du chocolat dans les magasins, ni par la variété des montres helvétiques ou même par le fameux cheptel bovin qui a tant ému les débiles amateurs de clichés. Ce choix était dû à l’image de l’Helvétie évoquée par mon ancien professeur de français à Bucarest, Madame Sophie Abel, Suissesse ayant épousé un Russe (blanc) avant la Première Guerre mondiale. Un fils naquit de cette union et après le coup d’Etat bolcheviste de 1917, M. Abel fut liquidé et Madame Abel séparée de son enfant, dut se réfugier dans le Royaume de Roumanie. Vers la fin des années quarante et pendant les années cinquante, cette dame distinguée donna, en privé et clandestinement, des leçons de français, d’allemand et de russe. Ce fut l’image de “sa Suisse”, celle du début du siècle, qu’elle invoquait invariablement lors de nos causeries en français. Une Suisse neutre, libre et démocratique, avec de vrais croyants, respectueux du travail honnête et de l’ordre. A plusieurs reprises, Madame Abel fit allusion à son fils, interné – croyait-elle savoir – dans un camp en Géorgie soviétique et qu’elle espérait revoir un jour. Au début des années soixante, elle quitta la Roumanie pour l’URSS. Depuis lors… le silence le plus total. Après le 1er octobre 1982, date de mon arrivée en Suisse, je constatai un contraste frappant entre l’image évoquée par mon ancien professeur de français et la réalité d’aujourd’hui. Dans l’univers clos du Goulag communiste, Madame Abel et moi crûmes sincèrement que la Suisse – que tout pays démocratique en général, ne pouvait évoluer que vers le Bien !

Quelle stupéfaction que d’entendre des amis valaisans me taxer d'”ennemi du peuple roumain” ou de “traître à la patrie”. Les plus lucides, les plus perspicaces et, disait-on, les plus “instruits” me placèrent illico dans la catégorie des “anticommunistes primaires”, formule qui, selon un vieux proverbe roumain, a le don de faire sourire même les dindes ! De savants interlocuteurs s’attaquaient incessamment aux autorités “capitalistes”, aux banques etc. Certains esprits fort cultivés m’apprenaient, sûrs de leur savoir, que les Roumains sont des… Slaves, ou que la capitale de la Roumanie est… Budapest et même que le nom exact du dictateur roumain de l’époque est… “Chaocescu” ! Nombreux étaient ceux qui essayaient de m’expliquer tant soit peu la vie des… Roumains, de me dépeindre l’euphorie qui régnait dans les âmes vivant sous le régime “socialiste” ; alors que, à les entendre, ils subissaient, eux, les affres d’un système immonde. A réitérées reprises je posai, par manque de tact, la même question : “Y a-t-il des psychiatres à Sion ?” Pourtant tous ces gens étaient extrêmement gentils et serviables ! Mais rarissimes furent ceux qui comprirent les vraies raisons de ma décision de chercher asile en Suisse. Après quelques mois, je commençai à comprendre les causes de cette déraison collective ; ensuite, l’analyse attentive des médias romands et français, de revues et de livres, les divers contacts avec des enseignants, des professeurs, des journalistes, des hommes politiques, des scientifiques, etc, me permirent de déceler une société en train de tomber en déliquescence faute de ne pas avoir su défendre la liberté et la démocratie.

1 – L’effritement des valeurs propres aux démocraties de type occidental.

Il s’agit d’un processus qui devint particulièrement évident après le coup d’état bolcheviste de 1917 et qui s’amplifia au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Grâce à l’aide économique américaine (plan Marshall), dans un premier temps, et à la protection militaire des Etats-Unis, ultérieurement, les pays libres d’Europe et d’Asie eurent la possibilité de démontrer la supériorité incontestable du système “capitaliste”. En contrepartie, à cause de l’“aide” économique soviétique (= pillage) et de la “protection” militaire de l’URSS (= esclavage), le camp socialiste se métamorphosa en quatre décennies en un immense et macabre complexe tortionnaire; avec, il est vrai, une seule et unique multinationale, très rassurante pour les pauvres – “Les fossoyeurs calins” dont le chiffre d’affaires reste pour l’instant secret.

Au fil des années, bénéficiant amplement du système prônant l’économie de marché, les Occidentaux libres et repus ne prêtèrent plus attention à la signification réelle des concepts Dieu, famille, patrie, éducation, morale, honneur, justice, etc. ce qui entraîna manifestement une diminution considérable de leurs capacités de défense. Comme le souligne à juste titre Marcel Regamey “L’ordre des valeurs est inversé. Le renversement des ‘structures’ passe au premier plan, l’amour de charité en second”. De même, “L’Eglise est un lieu privilégié de propagande lorsqu’elle sort de son domaine (…) La propagande triomphe quand l’Eglise se laisse persuader que le mal est tout d’un côté et qu’elle s’indigne d’actes de torture mais reste indifférente au terrorisme qui les provoque, s’élève contre les massacres commis par les uns et ignore ceux des autres” (7).

Il est toutefois consternant de constater la facilité avec laquelle des doctrinaires maniant la Bible et la Kalachnikov réussirent à s’infiltrer au sein de l’Eglise (cf. “La Croix, la faucille et le marteau”, par Jacques Bonomo, “Finalités”, n. 144, avril 1989). Ce processus fut considérablement accéléré grâce à l’ampleur croissante de l’oecuménisme, notamment après la Seconde Guerre mondiale. “Durant les mêmes années on assiste à un regain spectaculaire du mouvement oecuménique qui a vu le jour au XXe siècle, et dont la première étape de l’après-guerre a abouti à la formation en 1948 du Conseil Oecuménique des Eglises” (8), écrit le haut prélat soviétique Pitirim. Membre du Groupe central du Comité des Communications du COE, l’archevêque de Volokolamsk sait évidemment de quoi il parle et ce “regain spectaculaire” auquel il fait allusion a sous sa plume une connotation tout à fait particulière. Car à partir de 1962 Pitirim fut aussi rédacteur en chef du “Journal du Patriarcat de Moscou” où de 1943 à 1983 furent publiés pas moins de 2500 articles consacrés à la défense de la paix ! Sacré évêque en 1963 et archevêque depuis 1970, quand il est devenu aussi président des Editions du Patriarcat de Moscou, Pitirim nous assure que l'”Eglise orthodoxe russe a été le promoteur d’un grand nombre de réunions pour la paix”. A n’en pas douter, surtout quand on connaît le faible des autorités soviétiques pour tout ce qui a trait à la religion, la lutte pour une certaine paix, comprise. Voilà un thème mobilisateur qui ne pouvait pas ne pas toucher les sensibilités du COE, exemple cet ouvrage intitulé suggestivement “Paix et désarmement” (1982) dont le titre et le contenu ressemblent quelque peu à la série bien connue “Paix et désarmement – Etudes politiques”, édité à Moscou (Editions du Progrès, à partir de 1980).

Il serait séant de porter (finalement) son choix, soit sur l’idéal de Jésus, soit sur celui de Lénine !

2 – La sape des institutions helvétiques et le conditionnement de l’“opinion publique”.

Ce sont les deux objectifs majeurs des fossoyeurs de la Suisse libre, démocratique et souveraine. C’est la raison pour laquelle l’Etat, l’Eglise, la Famille, l’Armée, la Justice, la Police, l’Entreprise – “les piliers qui maintiennent, depuis les débuts des civilisations les sociétés humaines dans la loi, l’ordre social et moral et la sécurité” (9) sont systématiquement pris pour cible. Ce travail de longue haleine fut effectué par des professionnels étrangers et leurs coreligionnaires autochtones.

2.1 La Suisse et les révolutionnaires professionnels. Vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe la Suisse attira par quelque invisible aimant toute une pléiade de “gens de bonne volonté” (comme on peut le constater, ce pays n’accueille pas que des exploiteurs-milliardaires !). Ainsi : G.V. Plékhanov, marxiste russe de renommée internationale, créa en 1883, à Genève, le groupe “Libération du travail” ; C.G. Rakovski, qui sera ultérieurement connu pour ses agissements révolutionnaires en Roumanie et en Bulgarie ; A.V. Lounatcharski, après des études à l’université de Zurich, sera nommé (après 1917) commissaire du peuple à l’Instruction en Russie soviétique ; K.B. Sobelson (Radek), futur membre du Comité exécutif du Komintern (1923-1925) ; W. Münzenberg, rédacteur de la “Jugend-Internationale”, membre de la direction du parti social-démocrate suisse, futur chef de l’Agit-Prop pour l’Europe de l’ouest, et un as de la désinformation ; A. Helphand (Parvus), après des études à Bâle, vécut un certain temps à Wadenswil (ZH) et émit la théorie de la “révolution permanente”, adoptée ultérieurement par L.D. Bronstein (Trotski), lui aussi “hôte” de la Suisse en qualité de futur organisateur de l’Armée rouge (!) ; G.I. Rodomyslski (Zinoviev), assistant dans un laboratoire de Berne et le plus proche collaborateur de Lénine, devint en 1920 le président du Komintern (1920-1924) ; Vladimir Ilitch Oulianov (Lénine), le fondateur du parti bolchevique et de l’Etat soviétique, vécut pendant sept années en Suisse (GE, BE, ZH, etc).

Mais les autorités helvétiques de l’époque permirent aussi l’organisation de deux conférences extrêmement importantes : celle de Zimmerwald (du 5 au 8 septembre 1915) et celle de Kienthal (du 24 au 30 avril 1916). “Aux deux Conférences du Zimmerwald et de Kienthal, a été créé l’embryon de la IIIe internationale”, noteront Boukharine et Préobrajenski (10).

Pendant son long séjour en Suisse, Lénine publia toute une série de messages à l’intention des ouvriers suisses ; ces messages excellèrent par leur pérennité car on les retrouve profondément ancrés dans la mentalité de faiseurs d’opinion. Exemples :

-“la” défense de la patrie’ en ce qui concerne la Suisse n’est rien d’autre qu’une duperie du peuple par la bourgeoisie (…) Les socialistes suisses (…) ne peuvent ni ne doivent admettre la défense militaire de la patrie qu’après la transformation socialiste de celle-ci, c’est-à-dire dans le sens de la défense de la révolution prolétarienne, socialiste, contre la bourgeoisie”.

– L'”utilisation de la tribune parlementaire et du droit à l’initiative et de référendum (…) pour développer la propagande en faveur de la transformation socialiste de la Suisse”.

– “Ce gouvernement (de la Suisse, NDD) est très étroitement lié, économiquement et financièrement, à la bourgeoisie des ‘grandes’puissances impérialistes et en est entièrement dépendant”.

– “Naturalisation obligatoire et gratuite des étrangers établis en Suisse (Zwangseinbürgerung). Tout étranger ayant séjourné trois mois dans le pays devient citoyen suisse…”.

– “Les social (sic)-démocrates doivent lutter sans merci contre le mensonge bourgeois” (11).

Lénine mit également l’accent sur “une action méthodique et opiniâtre de propagande”, sur “l’extension et (le) renforcement de l’activité social-démocrate dans l’armée, tant avant l’incorporation des jeunes recrues que pendant leur service militaire”, etc. Quant à l’ordre donné par Lénine concernant “la préparation et la réalisation d’actions révolutionnaires de masse tendant à renverser la domination de la bourgeoisie, à conquérir le pouvoir politique et à instaurer le régime socialiste” (cf. le point 6 de la plate-forme politique des zimmerwaldiens de gauche au sein du Parti social-démocrate suisse)(12) il est en train d’être exécuté : les réalités helvétiques d’aujourd’hui en sont la preuve!

Mais l’activité de sape déployée en Suisse par les révolutionnaires professionnels fut illustrée aussi lors de la grève générale de novembre 1918 quand Berzine, Angelica Balabanova etc, en poste à la mission soviétique à Berne menèrent une intense agitation subversive. De même, sont archiconnues les multiples préoccupations “journalistiques” de l’Agence de presse Novosti (APN) à Berne, en 1983, une “agence” implantée en territoire ennemi et qui a toujours eu comme devise “L’information au service de la paix, de l’amitié entre les peuples”. C’est pourquoi l’expulsion (temporaire) des “journalistes” soviétiques provoqua l’ire de certains de leurs confrères helvétiques.

2.2. Les communistes suisses et l’Association Suisse-URSS. Tout le monde a connu les activités de Jules Humbert-Droz dans le cadre du Komintern. “La révolte armée doit être conçue comme une action commune de l’ensemble de la classe ouvrière (…) Le but à atteindre est le renversement du régime bourgeois et l’installation du pouvoir soviétique”, écrivait-il le 18 juillet 1936. Ces belles paroles sont extraites du compte-rendu sténographique du VIIe Congrès du Komintern (13). Fritz Platten accompagna, au nom du parti “social-démocrate” suisse les révolutionnaires professionnels – Lénine en tête – à l’occasion de leur voyage par le fameux “train plombé”.

Des données extrêmement intéressantes concernant le beau travail de sape accompli par des Suisses désireux de voir flotter le drapeau rouge – avec la faucille et le marteau – sur le Palais fédéral sont mentionnées dans le livre d’Etienne Buisson “Les Bolchéviks (1917-1919” (1919) et dans la “Tribune de Lausanne” (1926) (14). Mais le livre le plus important, à ma connaissance, qui aurait dû être lu par tout un chacun en Suisse, est sans conteste celui de Gérard Demiéville (1937) (15dont la première partie est consacrée à la “Structure de l’Internationale communiste” et la deuxième à “L’action subversive en Suisse”. Un accent particulier y est mis sur “Les auxiliaires du bolchevisme – partis politiques, apôtres de la paix, Association des Amis de l’Union soviétique, Secours rouge suisse, presse (y compris certains journaux “bourgeois” – déjà !), “athées prolétariens”, etc.”

Après la Seconde Guerre mondiale, Georges Rigassi signe la brochure “Faut-il combattre le communisme” (1949) ; Marc E. Chantre, secrétaire général du Comité suisse d’action civique (Lausanne) publie une série de brochures consacrées au communisme (16)(1953-1956), alors que Nicolas Polianski, diplomate soviétique en poste à Berne de 1972 à 1976 réserve dans son livre (17) 120 pages pour décrire les multiples activités “culturelles et surtout “éducatives” à l’ambassade de l’URSS. Des confessions gênantes, certes, pour les membres du Parti suisse du travail ou de l’Association Suisse-URSS, mais qui en somme révèlent une pratique habituelle des “diplomates” soviétiques en occident. “Le livre en question parle abondamment des liens affectifs et financiers entre les Soviétiques et les communistes suisses”, souligne correctement “L’Hebdo” du 25 octobre 1984. Bien entendu, les communistes suisses – Armand Forel, Jean Vincent, Colette von der Mühl, cités par Polianski – nièrent en bloc ces “infamies”. Mais le PST aura certainement eu chaud lorsqu’en octobre 1991 l’hebdomadaire soviétique “Rossia” fit mention de quelque 20 millions de dollars distribués annuellement aux partis “frères” (dont le Parti communiste français) par le PCUS.

“L’ambassade soviétique se servait de ses relations avec les dirigeants du PST (…) pour obtenir des renseignements sur la situation politique intérieure de la Suisse et sur les orientations de sa politique étrangère (…) C’était toujours utile pour pouvoir citer ensuite, dans le document adressé à Moscou, ‘l’avis compétent des amis’. Cet ‘avis des amis’ était tout à fait indispensable pour établir les fiches politiques sur les hommes d’Etat suisses et sur certains représentants de l’intelligentsia helvétique”, note Polianski. Tiens, des “fiches politiques” remplies par les Soviétiques comprenant des renseignements fournis par… le PST ! Etrangement, à l’époque personne ne s’inquiéta de ces “fiches”. Les médias gardèrent un silence religieux. Pourquoi ? Où étaient-ils ces esprits fins et investigateurs qui forment l’opinion publique ?

2.3. Les médias “non-communistes”. L’architecte genevois Alexandre de Senger est l’un des premiers Suisses à avoir dénoncé la désinformation véhiculée par la presse “bourgeoise”. Aussi écrit-il en 1930 un livre où il fait mention de certains journaux qui travaillent “avec intensité l’opinion publique”, qui ferment “hermétiquement leurs colonnes à toute critique indépendante”, instaurant ainsi “une véritable censure au profit des Bolchevistes” ; il dénonce également “le bourrage de crâne”, le fait de “créer une atmosphère de terreur qui paralysa momentanément la résistance”, de même que la “contagion cérébrale” des gens “mal armés contre la séduction des sophismes bolchevistes”. “Par l’intermédiaire de l’architecture, la propagande communiste répand non seulement ses doctrines, mais réussit à grossir l’effectif de l’armée prolétaire communiste et à réduire les effectifs de l’adversaire”. Alexandre de Senger dénonce enfin “cette ‘collusion’ du bolchevisme et d’un certain capitalisme à la recherche de placements fructueux”. (18)

Plus tard, d’autres Suisses dont l’honnêteté innée et le grand désir de bien servir le pays sont manifestes, ont combattu publiquement la “tentation totalitaire” de certains médias devenue de plus en plus évidente. Exemples : le professeur Jean de Siebenthal, directeur du Centre de documentation civique de Lausanne et rédacteur responsable de la revue “Finalités” ; Olivier Delacrettaz, responsable de la collection “Cahiers de la Renaissance vaudoise”, et rédacteur en chef de “La Nation” ; la conseillère nationale Genevière Aubry, rédactrice responsable du bulletin “L’Atout” ; Valentin Philibert, rédacteur en chef de “L’Impact” ; Jean-Philippe Chenaux, rédacteur responsable du bulletin “Etudes & enquêtes” et auteur de l’ouvrage “La presse d’opinion en Suisse romande” (1986) ; le professeur Luc de Meuron, rédacteur responsable de la “Lettre politique” et de divers livres dont “Lettre ouverte à certains journalistes du Palais fédéral et à quelques autres” (1983) ; Jean-Marc Berthoud, rédacteur responsable du bulletin “Résister et construire” et de la publication “Documentation chrétienne” ; le professeur Jeanne Hersch, auteur de divers livres, dont “L’ennemi c’est le nihilisme. Antithèses aux “thèses” de la Commission fédérale pour la jeunesse” 1981) et “La Suisse Etat de droit ? Le retrait d’Elisabeth Kopp” (1991), ouvrage collectif ; le colonel EMG Paul Ducotterd, ancien rédacteur en chef de la “Revue militaire suisse” et les très nombreux officiers qui, à réitérées reprises, se sont attaqués au problème de la désinformation. Même si cela dépasse quelque peu la Suisse romande (sujet de cet article), il faut aussi mentionner les études poussées effectuées par le conseiller national Peter Sager dans le cadre de “L’Institut suisse de recherche sur les pays de l’Est” (à Berne) ainsi que celles de l’IPZ (Institut für politologische Zeitfragen, à Zurich), faites sous la direction du Dr Robert Vögeli.

Que reprochent-elles, ces personnalités, à l’immense majorité des journalistes ? Tout simplement de ne pas s’en tenir au code des droits et devoirs du journaliste, de ne pas remplir avec honneur leur devoir sacré, à savoir celui d’informer correctement les citoyens, de diffuser méthodiquement une information partiale, mutilante pour le système nerveux des “récepteurs”. Et cela est d’autant plus grave car, comme le dit fort bien Eric Werner : “La presse n’est évidemment pas le 4e pouvoir, mais le premier. Tous les autres lui obéissent, à commencer par le pouvoir politique”.(19)

Voici quelques-unes de mes constatations après une analyse de la presse de suisse romande effectuée pendant plus de neuf ans.

2.3.1. Un manque d’instruction professionnelle, singulièrement évident lorsqu’il s’agit de relater ou d’interpréter des “nouvelles” du monde communiste. Exemples :

– “Importante caution morale” (“La Liberté” du 28 mai 1973) : “On connaît depuis longtemps la position délicate qu’occupe M. Ceaucescu dans le bloc oriental. Ce n’est pas sans raison qu’on l’a surnommé le “De Gaulle de l’Est’.” Sans commentaire !

– “La dernière chance” (“La Liberté” du 1er mai 1975) : “Le Vietnam n’a-t-il pas été dévasté par près de trente années de guerre quasi ininterrompue ? (…) Car avant de clouer quiconque au pilori, laissons au moins aux nouveaux maîtres du pays (les communistes nord-vietnamiens, NDD) le temps de faire leurs preuves, en mettant aussitôt à exécution la politique d’ouverture qu’ils ont toujours préconisée”. D’une part, les centaines de milliers de “boat-people” qui, ultérieurement, ont fui dans des conditions dramatiques le Vietnam communiste et, d’autre part, l’invasion du Cambodge par les troupes vietnamiennes en janvier1978 démontrent sans ambages le sens réel de la fameuse “politique d’ouverture” et l’effet des “trente années de guerre” auxquels faisait allusion le journaliste.

– “Gorbatchev le capitaliste” (“La Liberté” du 31 mars 1989), article qui est l’un des symptômes objectifs de la “gorbimanie” – épidémie qui frappa de plein fouet tous ceux qui ne comprennent absolument rien au communisme. Dans son livre “Perestroïka” (Flammarion, 1987), devenu illico un best-seller en Occident et primé aussi à Bâle – le prix de la Librairie Jaeggi: 20’000 Fr (“Le Matin” du 20 mai 1988) – Gorbatchev-le-capitaliste réserve un sous-chapitre pour expliquer que Lénine constitue la source idéologique de la “restructuration” ; il souligne également : “Notre but est de renforcer le socialisme, non de le remplacer par un autre système. L’exemple qui nous vient de l’Ouest, celui d’une économie différente, est inacceptable pour nous” (p.119). En outre, dans son ouvrage, Gorbatchev cite par 51 fois (admirativement !) le nom de Lénine. La suite logique : le secrétaire général du CC du PCUS ne peut être que… capitaliste !

– “Le bonheur puis la terreur” (“L’Illustré” du 3 janvier 1990) : “Des dizaines de cadavres ont été découverts il y a trois jours dans un charnier, au cimetière des pauvres (à Timisoara, NDD). Ils sont mystérieusement éventrés et recousus. Spectacle nauséabond de quinze corps exposés pour être reconnus par leurs familles”. L’article cité est l’oeuvre des envoyés spéciaux de “L’Illustré” en Roumanie (Alain Maillard, texte ; Bruno Kellenberger, photos). Comme beaucoup de leurs confrères occidentaux, ils arrivèrent en trombe à Timisoara et analysèrent longuement les cadavres (déterrés et en état de putréfaction avancée !) avant de les prendre pour des victimes de la “révolution” roumaine. Par ailleurs, dans l’article “Pourquoi nous n’avons pas vu” (“L’Illustré” du 31 janvier 1990), Maillard nous montre clairement à quel point l’instruction de certains journalistes laisse à désirer : “La puanteur nous envahissait au plus profond. Bruno Kellenberger, photographe de L’Illustré, devait souvent détourner les yeux et se tenir le nez dans un mouchoir avant de reprendre le travail”. Qui plus est, Maillard nous dévoile aussi son savoir dans le domaine de l’embryologie humaine : “Et surtout ce bébé ou embryon (sic) posé sur le ventre de sa mère”, relate-t-il avec un aplomb imperturbable. Mais ledit journaliste démontre également que l’histoire de la Roumanie communiste lui est très familière : “… l’homme fort Silviu Brucan, ancien ambassadeur de Ceaucescu aux Etats-Unis, passe pour être un vrai stalinien” alors qu’en réalité, Brucan fut ministre plénipotentiaire aux Etats-Unis de mars 1956 à juillet 1959 (donc avant l’avènement de Ceausecu en 1965) sous le “règne” de Gheorghiu-Dej, le premier bourreau du peuple roumain.

Après de pareilles bourdes – il y en a d’autres du même acabit ! certains journalistes devraient avoir au moins la décence de commencer (enfin) à s’instruire correctement et de cesser de jouer les fins connaisseurs en politique.

2.3.2. Une volonté de dénigrer l’armée suisse. Les “techniques” utilisées sont identiques à celles activistes des médias communistes. Ces “techniques” sont largement décrites dans diverses publications dont l’ouvrage de Luc de Meuron, la “Revue militaire suisse” (à partir de l’année 1970 notamment) et les publications de l’IPZ (Zurich), dès 1971. Personnellement je me limiterai à un seul exemple.

“Rapport confidentiel exhumé. Guisan et Mussolini” (“L’Hebdo” du 8 novembre 1990). ” ‘Génie’, ‘demi-dieu’, c’est ainsi que Guisan jugeait Mussolini. Et il trouvait les soldats italiens beaux comme des Raphaëls” souligne Jean-Claude Buffle, le journaliste qui, en décembre 1991, sera condamné avec Jacques Pillet “à dix jours de prison avec sursis et à 5000 francs d’amende pour avoir associé le nom de Safra au trafic de la drogue et au recyclage des narco-dollars” (“La Suisse” du 18 décembre 1991). Et comme les grands esprits se rencontrent aussi dans les colonnes de “L’Hebdo”, Buffle fit une fois de plus montre de sa vocation de journaliste d’investigation et tomba sur l’étude “Guisan. 1918, 1934, 1940 : les constantes d’une mission”, signée par Charles-André Udry, “le fondateur et le principal animateur de la LMR (Ligue marxiste révolutionnaire, NDD), cible privilégiée de l’Etat fouineur” (Buffle dixit, “L’Hebdo” du 25 octobre 1990).

Pour démontrer que la chronologie est une chose indispensable quand il s’agit d’une étude sérieuse, le journaliste rappelle qu’à Genève, l’armée suisse avait tiré sur une foule désarmée le 9 novembre 32 (…) En mai 34, Henri Guisan avait mis en garde le chef du DMF Rudolf Minger : avec un tel gouvernement (dirigé par le “socialiste” Léon Nicole, NDD), avait-il dit, l’arsenal de Genève ‘est exposé’. Car Henri Guisan, qui a participé seize ans plus tôt à la répression de la grève générale de 1918, est un homme d’ordre”. 1932, 1934 et…1918, la succession des événements est strictement respectée, tout comme la vérité historique, par ailleurs !

Mais pourquoi fallait-il procéder à une interversion des années ? Très vraisemblablement pour mettre mieux en exergue l’unique mission que certains veulent attribuer aujourd’hui à l’armée suisse, à savoir celle d’avoir “tiré sur une foule désarmée le 9 novembre 32”. Aussi l’ennemi principal (l’armée, capable de crimes crapuleux !) est-il désigné clairement ; ce n’est qu’après qu’on s’occupe plus attentivement des officiers. Bien entendu, en bon marxiste-léniniste, on passe sous silence l’article paru dans les “Izvestia” du 27 novembre 1918, publié juste après la grève générale (voir encadré). L’auteur est en Berzine (Winter), chef de la légation soviétique à Berne qui explique les principes de la “diplomatie” communiste : “La situation qui nous était faite nous mettait dans un état anormal : représentants de la Russie des ouvriers et des paysans, nous devions entretenir des relations, non pas avec la classe ouvrière suisse, mais avec un gouvernement bourgeois. Malgré cela, nous poursuivîmes notre travail de propagande révolutionnaire. Notre expulsion de Suisse prouve que, jusqu’à un certain point, nous avons réussi dans notre mission”.

L’agit-prop soviétique incita les “ouvriers” suisses à la révolte : ils voulaient “célébrer” le premier anniversaire de la “révolution d’octobre” et, évidemment, entraîner la Suisse dans la grande tourmente révolutionnaire qui secoua l’Europe après la fin de la Première Guerre mondiale. Qui plus est, “des tentatives furent faites pour organiser des soviets dans l’armée”, précise Branko Lazitch (20), l’un des plus remarquables experts en problèmes du communisme. Si les membres du Conseil fédéral de l’époque, les hommes politiques démocratiquement élus, le futur général Guisan et d’autres officiers supérieurs avaient épousé les thèses de Lénine, la Suisse aurait certainement connu la même vie prometteuse et radieuse que les pays devenus satellites de l’URSS. Or, heureusement, tel ne fut pas le cas.

Pour ce qui regarde les émeutes du 9 novembre 1932, à Genève, M. Jean-Claude de “L’Hebdo” évite prudemment de faire allusion aux agitateurs qui (semble-t-il !) se précipitèrent sur les agents de police, aveuglèrent les gardiens de la paix en leur jetant du poivre au visage, se ruèrent sur la troupe et essayèrent de détourner les soldats de leur devoir de maintenir un semblant d’ordre. “Donne-moi ton fusil, on va descendre les officiers !”, “Tuez le major !”, “Tuez vos chefs !” crièrent-ils. “C’est la tactique du combat de rue ! Les soldats parviennent enfin à se dégager (…) Les uns sont blessés, d’autres n’ont ni fusil, ni casque, ni baïonnette” (21) relate Gérard Demiéville. Et ce n’est guère un “témoignage ” quelconque, car toutes les données insérées dans son livre, ont été amplement confirmées aujourd’hui par les révélations (même fragmentaires) en provenance des pays de l’Est.

En ce qui concerne l’historien Udry, il faut admirer son esprit scientifique: “Attention, souligne-t-il, il serait erroné de déduire (…) que Guisan adhère à l’idéologie fasciste mussolinienne”. N’empêche ! Le titre de “L’Hebdo” (“Guisan et Mussolini”) ne laisse planer aucun doute sur les (éventuelles !) affinités du Général, et celles de l’armée suisse. Et voilà une (nouvelle) idée, parmi tant d’autres, qu’on véhicule discrètement pour montrer au peuple suisse (qui s’est nettement prononcé en faveur du maintien de l’armée) qu’un jour, pas si lointain, il pourrait se trouver du mauvais côté de la barrière. Le procédé est, je le répète, fort connu dans les pays de l’Est. Depuis des années, les médias l’expérimentent avec beaucoup de succès à l’Ouest.

2.3.3. Un fâcheux penchant au chaos des situations confuses. “Dans l’armoire. Encore des cadavres”, “Fiché à dix ans!”, “Fiches: incroyables!”. “La plaie des fiches”, “A vos fiches”, etc… En lisant ces titres on serait tenté de croire qu’enfin les médias font leur devoir et informent le commun des mortels sur les “fiches politiques” remplies par les “diplomates” soviétiques de Berne auxquelles faisait allusion Nicolas Polianski). Que non! C’est le cri déchirant poussé par les journalistes démocrates qui défendent ardemment tous les gens de bonne volonté d’où qu’ils viennent et quoi qu’ils fassent. Membres du PdT ou de l’Association Suisse-URSS, de la LMR (PSO) ou du GSsA, du Comité Amérique Centrale ou du Comité Philippines libres, etc… tous ont le droit (dans une vraie démocratie) d’exprimer ouvertement leur point de vue, d’avoir des contacts utiles avec des professionnels de bonne volonté, ou d’organiser des manifestastions spontanées de révolte contre le système politique choisi librement par le peuple. Enfin, ils ont tous les droits, même celui d’imposer par la force (du mensonge) les idées délirantes d’une idéologie qui a déjà fait des dizaines de millions de victimes. Tous ces “esprits contestataires” et constamment minoritaires trouveront toujours des plumes sensibles et réceptives qui savent mieux que personne comment on peut facilement transformer un agresseur en victime et une victime en agresseur.

Que certains journalistes n’emploient jamais de “fiches” pour leur travail d’information, cela nul ne peut le contester; les bévues énormes qu’ils commettent trop souvent le démontrent clairement. Que les “fiches” soient utilisées couramment en médecine, en biologie, dans les banques, dans toutes les polices du monde, etc…, cela ne constitue un secret pour personne. Alors pourquoi fallait-il feindre l’évanouissement en “apprenant” (en 1990)! l’existence de ce genre d’aide-mémoire. En réalité, les journalistes faisaient mention de fiches déjà en 1981: “L’utilisation de l’informatique à des fins policières, par l’interconnexion de tous les fichiers existants, conduit à une société “transparente”, où l’on sait tout sur tout le monde” (22). En fait, le “cirque des fiches” fut mis en place, d’une part pour ragaillardir les minoritaires déçus après le 26 novembre 1989 et, d’autre part, pour détourner l’attention de l’opinion publique non pas des évènements qui se déroulaient à l’Est, mais du paysage apocalyptique de ces pays qui ont dû supporter pendant des décennies la dictature communiste.

2.3.4. Un dédain pour le sentiment patriotique fut brillamment illustré par la manière dont (presque) tous les médias étalèrent leur mauvaise humeur lors de la célébration du “700e”. Certes, les Suisses eurent droit aux transmissions en direct des festivités organisées à Bellinzone, à Stans ou à Bâle, mais les centaines de kilos de papier, les dizaines d’heures d’émission à la TV et à la radio consacrées au 700e cachaient avec une indicible ténacité les mêmes messages:”Etes-vous fier d’être Suisse?”, “le climat politique malsain”, “une classe politique dévalorisée”, etc…Sur la TSR furent diffusées des émissions dont la “couleur” était lumineusement annoncée par le titre: “Le 700e: pour fêter quoi?” (23) (13 janvier 1991), “700 ans, et alors” (émission diffusée pendant plusieurs mois), etc… Exemples dans la presse écrite:

La mise en condition: création du comité “700 ans, ça suffit!”, dont l’un des initiateurs, Paolo Gilardi (GSsA, Forum contre F18, etc…) semble avoir des accointances parmi les gens de la TSR car on peut l’admirer sur les petits écrans (presque) plus souvent que le Président de la Confédération!

“700e. Boycott en vase clos” (“L’Hebdo” du 8 novembre 1990): “A Zürich, 800 personnes se sont rassemblées à l’appel des artistes boycotteurs du 700e.” Si les artistes – en principe des intellectuels – prirent la décision de boycotter cet anniversaire, il faut expliquer cela au peuple! Peut-être suivra-t-il ce bon exemple. Mais comme le disait le dramaturge Hansjörg Schneider: “La plupart des signataires ne sont pas plus artistes que moi champion cycliste.”

La frappe: “700e: retour à l’ordre”(“La Liberté du 18 février 1991): “au commencement était l’utopie. A la fin, ce pourrait bien être le dîner choucroute patriotique (…) Tout ce que la Suisse compte de réactionnaires – et cela fait beaucoup de monde – est sur le pied de guerre (…) Ils rêvent d’une prompte restauration de leurs valeurs traditionnelles.” Sans commentaire!

La déception (dissimulée): “le 700e à mi-chemin. Du plaisir d’être Suisse” (“L’Hebdo” du 18 juillet 1991): “Qui aurait osé pronostiquer, il y a un an, que les Suisses s’engageraient à fond dans la célébration de 1291, et qu’ils seraient fiers de ce qu’ils sont? Les sceptiques et les grincheux avaient tort: le 700e, ça marche très fort!” Eussent-ils cherché d’autres témoignages que ceux de “communistes déçus”, de “marginaux”, de (certains)) artistes et d’éternels “contestataires”, les journalistes auraient certainement eu la (désagréable) surprise de constater que, malgré toutes les campagnes menées par divers médias, le peuple suisse est (encore) sain d’esprit. Mais qui sont-ils, en fait, ces “sceptiques” et ces “grincheux” qui ont eu tort? Il serait intéressant d’en dresser une liste, qui sûrement ne dépasserait pas deux pages imprimées dans “L’Hebdo”. On retrouvera ainsi tous ceux qui sont systématiquement sollicités par les journalistes lors des “interviews”, des “rencontres”, etc…

“Qui aurait osé pronostiquer, il y a un an…?” Toutes les honnêtes gens qui aiment sincèrement leur Patrie, la Suisse, auraient “osé pronostiquer” qu’ils sont fiers d’être Suisses. Mais ont-ils vraiment eu le droit et la possibilité de s’exprimer? Sûrement non! Ce qui du reste explique cette fameuse interrogation de “L’Hebdo”. Certains journalistes devraient réfléchir (si cela est encore possible!) à ces lignes écrites par Armand Robin: “Ils ont oublié que la parole sert à dire le vrai, sont fiers de répondre par des mensonges à d’autres mensonges, créent ainsi partout au-dessus de la planète des univers fantomatiques où même l’authentique, lorsque d’aventure il s’y égare, perd sa qualité.” (24)

2.3.5. Un exemple révélateur de moeurs journalistiques.

Le livre “Un homme, un test, un record” (Glavir S.A., 1981) de Virgil Th. Razus, avec une préface signée par Alain Penel, chef de l’information à la “Tribune de Genève” (actuellement correspondant à Paris). Selon M. Penel, V. Th. Razus (arrivé en Suisse en 1978) “faisait tout pour conserver sa nationalité roumaine et, par conséquent, son passeport”; en plus, il n’était pas question pour lui qu’il endossât “un tel statut”(!), c’est-à-dire celui de réfugié politique.

Qui plus est, l’ingénieur roumain ne manque pas de méthode. Dans un premier temps, il se fait connaître grâce à deux articles (pseudo-scientifiques): l’un sur la “Théorie de la création”, sujet très accrocheur par ailleurs (interview: Philippe Souaille, “TG” du 23 janvier 1979), et l’autre, “Une nouvelle théorie de la lumière” (signé “Pe”. Alain Penel, “TG” du 13 février 1980). Après cela commencent les choses sérieuses, car M. Penel tombe sous le charme du Roumain (qui n’a jamais voulu “endosser” le maudit statut de réfugié politique), et pond une série d’articles qui, cette fois-ci, n’ont plus aucun rapport avec les (nouvelles!) “théories” de Razus: “Genève: contrat pétrolier entre la Suisse et la Roumanie” (“TG”, du 12 août 1980); “alors qu’une commission mixte helvéto-roumaine siège à Berne. Une société genevoise conclut un contrat pétrolier de 60 millions avec la Roumanie” (“TG” du 10 mars 1981); “Bucarest entend rééquilibrer son commerce avec la Suisse” (“TG” des 20/21 septembre 1981 – “de notre envoyé spécial Alain Penel”); “Pour pénétrer le marché roumain les industriels suisses doivent accepter une part de troc” (“TG” du 22 septembre 1981 – “de notre envoyé spécial Alain Penel”).

Dans chacun de ces quatre derniers articles on fait mention du “directeur général M. Virgiliu Razus” et de sa “Glavir S. A.”, pendant que M. le directeur utilise habilement sa plume pour passer de l’image du “Créateur” à celle de Valéry Giscard d’Estaing afin de crayonner mieux le “tableau” de… Nicolae Ceaucescu! Voici le message que M. Razus devait faire passer et la raison pour laquelle ce livre fut écrit: “Le mérite principal en revient au président Ceaucescu qui, bien qu’il n’ait pas toujours été entouré d’une équipe à sa hauteur, est, à mon avis, un génie politique”(p.26). Voilà aussi pourquoi l’ex-secrétaire général du PCR eut le privilège d’accorder “sa première interview à un quotidien suisse de langue française” qui, vu les démarches occultes mentionnées ci-dessus, ne pouvait être que la “Tribune de Genève” (des 26/27 avril et du 5 mai 1986); et l’interviewer, Alain Penel. Ainsi M. Razus – “scientifique” fécond prônant des théories bizarres, et “homme d’affaires” habile et pénétrant – fut-il implanté en terriroire ennemi, avec la mission de stimuler le commerce entre le régime de Ceaucescu et la Suisse, mais aussi celle de permettre au dictateur roumain de diffuser ses idées géniales dans un “quotidien suisse de la langue française”. Sans nul doute, le Service D (comme Désinformation) de la célèbre Securitate apprécia-t-il beaucoup la collaboration efficace de Razus et de ses amis journalistes.

2.3.6. Une idéologie socialo-communisante. Certains aspects illustrant cette affinité manifestée par la plupart des journalistes ont déjà été mentionnés dans les sous-chapitres précédents. Aussi le “premier pouvoir” (Eric Werner) s’attaque-t-il inlassablement aux “partis bourgeois”, terme que les journalistes utilisent (dans le sens indiqué par Lénine) pour mieux désigner la cible principale. Des termes exquis, tels “réactionnaire”, sont employés presque quotidiennement; parfois on glisse habilement celui de “fasciste” lorsqu’il s’agit de définir une organisation qui lutte contre le communisme (WACL – Ligue mondiale anticommunisme, par exemple).

Il est tout-à-fait révélateur de constater qu’aujourd’hui – quand presque tous les imbéciles (honnêtes) se sont finalement rendu compte que les termes “communisme” et “apocalypse” sont synonymes – le “premier pouvoir” fait totalement abstraction de cette réalité. Voici deux arguments irréfutables:

a) On continue d’avoir la même vénération pour les “bons” communistes. Cette dévotion n’est plus guère endémique en Suisse, loin s’en faut!

Des vieux formidables. La femme de Jules” (“L’Hebdo” du 13 septembre 1990) où le journaliste ne se contente de présenter les activités très variées de Mme Humbert-Droz – grand périple en Norvège, fréquentation de concerts, ou des réunions du GSsA – mais nous apprend aussi que “Jules Humbert-Droz, secrétaire de la IIe Internationale (fut) proche de Lénine, Trotski et Boukharine”. Cette fameuse “IIe Internationale”, qui est citée par trois fois (!) dans le texte est en réalité la IIIe Internationale communiste (1919-1943), le noyau dur des révolutionnaires professionnels qui essayèrent de diriger la révolution mondiale. En plus, on trouva utile de fêter le “Centenaire Jules Humbert-Droz. Colloque sur l’Internationale communiste” les 25 et 26 septembre 1991, à La Chaux-de Fonds!

“Fiché pendant quarante ans (I-III) (“La Suisse” des 19, 20 et 21 janvier 1992), document “exclusif” – cela va sans dire – qui aurait certainement fait la “une” de la “Pravda” des années 50 et où l’on raconte non sans humour, la vie intérieure d’Armand Magnin, l’ancien dirigeant des communistes suisses, son penchant pour le tourisme,(à l’Est- où il a certainement beaucoup appris, Ceaucescu, par exemple, étant un excellent pédagogue), pour le football, etc… Un récit merveilleux, avec un peu de suspense, mais il est vrai sans trop de détails sur les calomnies proférées par Nicolas Polianski à l’encontre de Magnin. Dommage!

“Siméon II de Bulgarie (2)”/”Du côté de chez Fred” (A2, le 12 septembre 1990); s’agissant d’une chaîne française, j’ai placé cet exemple en dernier. Pourtant le beau et cultivé Frédéric (Mitterrand) lâcha l’une des plus émouvantes répliques de l’histoire de la TV: Je dois vous dire, Sire, que je ne peux pas me défaire d’une admiration certaine pour Dimitrov car il y a quelque chose chez ce personnage – et pourtant il y a eu des trucs (sic) – il y a chez ce personnage quelque chose de grand!” Il faut vraiment s’appeler Frédéric Mitterrand pour admirer, en 1990(!) le secrétaire général du Comité exécutif de la Ligue Internationale communiste (de 1935 à 1943).

b) On continue de passer sous silence, d’ignorer volontairement toutes les honnêtes gens qui, en Suisse et dans les démocraties occidentales, ont démasqué dès 1917 les méfaits du communisme. Des preuves irrécusables de cette terrible catastrophe dans l’histoire de l’humanité sont enfin (partiellement) accessibles même au plus simplet des simplets. Les pionniers de la lutte contre le communisme et leurs successeurs ont combattu pour la liberté et pour les valeurs morales sûres qui permirent aux démocraties de type occidental de survivre dignement. Honnêtes et instruits, ils n’ont jamais accepté de compromis, comme ce fut le cas des communistes qui, pendant quelques années, s’allièrent à l’Allemagne de Hitler.

Tous ces combattants courageux imposent le respect. L’Histoire leur a donné raison dès 1917, mais d’une part la propagande et la désinformation communistes, et d’autre part, la couardise et la traîtrise de certains dirigeants occidentaux, l’existence d’une immense armada d’intellectuels débiles qui voyaient en Staline leur Dieu, en Krouchtchev leur frère, en Brejnev leur cousin et en Gorbatchev leur sauveur, prirent des décennies durant la Vérité en otage.

Aujourd’hui, le “premier pouvoir” se garde de rendre hommage aux Suisses qui ont brillamment saisi la monstruosité du régime communiste. “Le communisme du paysan russe est un régime de troupeau qui nivelle et étouffe les individus et détraque leur esprit (…) C’est ainsi que Lénine, utopiste et vrai représentant de l’esprit autoritaire russe, imagina de régénérer par la dictature du prolétariat son pays, ainsi que le monde entier”, écrivait Nicolas Gay dans le “Journal de Genève” du… 17 mars 1918! “En Russie, la révolution dure et n’aboutit à aucun résultat” (25) soulignait-il le 11 décembre 1918. A aucun résultat positif, cela va sans dire! ( les dizaines de millions de victimes du communisme en URSS et dans les autres pays communistes, figurant elles aussi parmi les oubliés de l’histoire du XXe siècle). Pour dévoiler quelques-unes des subtilités propres à ce qu’on appelle pompeusement “journalisme d’investigation”, on n’hésite pas à accomplir de vrais exploits:

“Exclusif. Jean-Louis Jeanmaire revient de Moscou. “Denissenko le jure: je suis innocent!” (“La Suisse” du 4 octobre 1991). “L’ex-brigadier Jeanmaire a rencontré la semaine dernière à Moscou, le colonel Vassili Denissenko, l’instigateur de sa trahison. Le second a innocenté le premier, et du coup Jeanmaire a pardonné à son “collègue” russe “ses éventuelles relations avec sa femme””. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire mouvementée du GRU (service de renseignement de l’Armée Rouge), des journalistes occidentaux – en l’occurrence, suisses – ont essayé de démontrer au monde entier l’insoupçonnable bonne foi du colonel Denissenko, venu exprès de Moscou dans les années 60 pour faire de la broderie en Suisse. Vu l’âge de Jean-Louis Jeanmaire, “sur l’initiative des journalistes de l’émission de la télévision alémanique “10 sur 10” et du “Téléjournal romand” fut organisée illico une visite-éclair à Moscou. Arrivés “à l’improviste” dans la capitale soviétique, l’ex-brigadier et les journalistes eurent tout juste le temps de boire une tasse de café en famille et de monter le décor pour l'”Heure de vérité”, version Denissenko. Je n’oublierai jamais le visage “détendu” et plein de charme du colonel soviétique, assis (cette fois-ci) sur le même banc que Jeanmaire. Plus je revois les images diffusées par la TSR lors de cette rencontre historique, plus je découvre la belle âme de Denissenko.

“Oui, je témoignerai pour Jeanmaire” (“L’illustré” du 5 février 1992). Les propos recueillis par la collaboratrice du magazine romand, Rimma Genkina (originaire très vraisemblablement de la … vallée des Conches) sont à la fois bouleversants et poignants. Mais ce qui donne une sorte de saveur aux idées de Denissenko c’est sans nul doute le “message” qu’il a adressé au fils de Jeanmaire: “Je voudrais que son fils sache que le procès contre son père n’était qu’une provocation de la part des forces réactionnaires contre Jean-Louis Jeanmaire et contre mon pays, l’URSS”. Quoi de plus limpide que l’idéologie du camarade Denissenko, surtout en cette merveilleuse période de la “glasnost” et de la “démocrétinisation”! Ces esprits fins et investigateurs que sont ces journalistes globe-trotters auraient pourtant pu ouvrir n’importe quel livre de marxisme-léninisme et ils auraient (probablement) anticipé les réponses de Basile Denissenko. Aussi auraient-ils économisé beaucoup d’argent qui, éventuellement, aurait pu être versé aux nécessiteux. Décidément, par les temps qui courent, la magnanimité légendaire de certains journalistes s’avère fort sélective. Mieux vaut populariser les “thèses” de l’ami Denissenko et “frapper les réactionnaires”, que penser aider les pauvres. Quant au “scoop” de la TSR, ce fut du guignol!

Conclusion

En 1981, Eric Werner écrivait: “Il existe, à l’heure actuelle, deux grands partis en Europe: celui de la résistance et celui de la collaboration (…) La collaboration est davantage qu’un simple état d’esprit. C’est une politique, une stratégie, une tactique (…) Bref, la collaboration est l’idéologie dominante de notre temps.”

Bien avant 1981, la camarade Melpomène – muse de la tragédie – inspira quelque peu Andrei Sakharov: “Deuxième étape: Aux Etats-Unis et dans les autres Etats capitalistes, les revendications constantes de progrès social et de la coexistence pacifique (27), la pression de l’exemple des pays socialistes et des forces progressistes internes (la classe ouvrière, l’intelligentsia) amèneront la victoire définitive de l’aile gauche réformiste de la bourgeoisie qui mettra en oeuvre un programme de rapprochement (de “convergence”) avec le socialisme” (26). Nous y sommes!

La collaboration est et sera l’idéologie exclusive de notre temps, une idéologie hybride qui est imposée finalement par les communistes déguisés en “néo-démocrates”.

http://www.fonjallaz.net/Communisme/Memo/Roumanie/Roumanie5.html

http://versdemain.org/images/Gros_Banquier.gif

Les recherches sur les BIOS rootkits ont commencé il y a quelques années, mais … Anibal Sacco et Alfredo Ortega de la société Core Security Technologies ont fait une découverte stupéfiante, un nouveau virus qui s’installe dans le BIOS de votre PC capable de résister à la réinstallation par formatage de Windows ainsi qu’au flashage du BIOS. Ces experts en sécurité informatique expliquent qu’ils peuvent installer dans un BIOS un bout de code résident fonctionnant sur une configuration Windows, OpenBSD ou même avec une machine virtuelle VMWare.

Nous pouvons mettre le code où nous voulons. Nous n’utilisons pas une vulnérabilité [du système d’exploitation]. […] Nous pouvons réinfecter le BIOS à chaque fois qu’il reboot.”
“Nous pouvons patcher un pilote afin qu’il installe un rootkit totalement fonctionnel. Nous avons même un petit programme qui supprime ou désactive les antivirus
.”

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